La formation devait aider les cardiologues à dépister les valvulopathies d’origine médicamenteuse. Elle n’aura pas lieu. Le Conseil de gestion du FAF-PM a refusé de financer l’action de l’UFCV « malgré ses qualités scientifiques et pédagogiques ». Dans une lettre adressée à l’association, le FAF-PM se justifie. « Il s’agit désormais d’un problème de santé publique qui ne relève pas de sa compétence », indique le fonds. L’institution ne souhaite pas cautionner cette formation « dans le contexte actuel de judiciarisation ».
Cette décision provoque la colère du Dr Christian Ziccarelli, président de l’UFCV. « Le but de cette formation était de montrer une image échocardiographique typique pour recenser les valvulopathies médicamenteuses qui sont complexes à analyser, explique-t-il. Cette formation devait se tenir avec les meilleurs experts de la Société française de cardiologie. » Le Dr Ziccarelli comprend d’autant moins ce refus que les patients inquiets affluent nombreux dans les cabinets. Depuis l’envoi du courrier de l’AFSSAPS aux patients qui ont consommé du Mediator, les cardiologues ont réalisé jusqu’à 7 000 échographies par semaine.
Le FAF-PM assume sa décision. « Les formations que nous finançons doivent être valides sur le plan scientifique, déclare son président, le Dr Pierre-Yves Lussault. Or, il n’y a pas de lien irréfutable entre le Mediator et les valvulopathies dans l’Evidence Based Medicine (EBM) ». Le Dr Lussault ajoute que cette action de formation de l’UFCV revêt à ses yeux davantage un caractère « opportuniste » qu’elle ne répond à un intérêt scientifique. Selon nos informations, certains membres du conseil de gestion du FAF-PM ont redouté un recours des associations de malades ou de Servier.
Le Pr Christophe Tribouilloy, chef du service cardiologie au CHU d’Amiens et membre du comité de suivi du Mediator, s’étonne de la décision du FAF-PM. « En dehors des cas typiques, les valvulopathies d’origine médicamenteuses ne sont pas faciles à détecter, indique-t-il. Il y a des cas douteux et il faut bien connaître la pathologie pour savoir quand il n’y a rien. » Selon l’expert amiénois, l’argument scientifique du FAF-PM ne tient pas. « Personne ne conteste le lien entre les valvulopathies et toute une série de médicaments dont le benfluorex, affirme-t-il. S’il n’existe pas d’essais randomisés (EBM), c’est parce que cela s’y prête mal. »
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