Le palais de l’Élysée serait-il une école où l’on enseigne le sens de l’écoute ? Où les conseillers, loin d’être bardés de certitude, apprendraient la modestie, où l’arrogance aurait changé de camp et serait désormais le signe distinctif de journalistes rompus – paraît-il – aux basses œuvres pour faire plier le pouvoir ? Sibyle Veil, après trois ans passés rue du Faubourg Saint-Honoré en ce matin du mois d’août, affiche une humilité qui surprend. Est-ce là le résultat d’un été pénible voire meurtrier dans les allées du pouvoir ou le poids de ses nouvelles responsabilités ? À son retour de congés de maternité où elle a donné naissance à une petite Bérénice, Nicolas Sarkozy lui a demandé de prendre en charge, en complément de ses attributions, le dossier de la santé, après le départ de Raphaël Radanne. La rigueur n’épargne plus l’Élysée ! Au sommet de l’État, on doit donner l’exemple. Comment toutefois expliquer ce parcours sans faute de cette trentenaire, à qui tout semble réussir et cette réserve qui ne serait pas seulement républicaine ? Où se niche la fêlure, l’accident dans ce CV type du candidat prêt à intégrer l’élite républicaine ? Serait-ce lié au constat que la politique contre toute attente n’est pas une médecine ? « Interpellée par des personnes handicapées, je me suis vite aperçue que je ne disposais d’aucun levier pour répondre à leur cas personnel », reconnaît Sibyle Veil. Splendeurs certes, mais aussi misères de la vie politique !
Après une adolescence passée à Dijon, la jeune Sibyle monte donc à Paris pour intégrer une hypokhâgne. Mais la future conseillère ne vise pas Normale Sup. Chez Balzac, l’un de ses auteurs préférés, elle retient d’abord le regard sur les mutations en cours, les déclassements, l’émergence de nouvelles hiérarchies plutôt que le style. Procéder à la dissection d’une société, en dévoiler les ressorts cachés, brosser une vaste fresque, voilà de quoi nourrir des grandes espérances ! Mais la position de témoin éclairé ne suffit pas. Il s’agit plutôt d’être au cœur de l’action, bref de faire de la politique. La séquence suivante sera donc des plus classiques : Sciences-Po Paris puis l’intégration à l’Ena avant l’entrée au Conseil d’État. Le parcours d’obstacles s’effectue sans encombre. « Je garde un excellent souvenir de la préparation aux concours », reconnaît Sibyle Veil. À cet égard, l’Ena n’est pas seulement le lieu de formation de l’élite. On y apprend le droit administratif et d’autres matières aussi récréatives. Mais c’est aussi un lieu de rencontres et pas seulement professionnelles. La jeune élève sympathise avec le petit-fils de Simone Veil. C’est l’entrée dans une des familles les plus respectées par les Français. En 2007, le couple s’installe à l’Élysée à la suite de l’élection de Nicolas Sarkozy. Est-ce par relation familiale que l’on entre au Château ? « Pas du tout, j’avais demandé à travailler avec Emmanuelle Mignon pour la campagne présidentielle. Je garde un excellent souvenir de cette période. » Conquérir le pouvoir, certes, mais pour quoi faire ? « Mon travail est de participer avec d’autres à ce travail long et nécessaire à l’adoption de nouvelles lois. » Et de citer le vote de la loi autorisant le travail dominical, le revenu de solidarité active (RSA) ou la nouvelle représentativité syndicale. Demain, la feuille de route comprend le chantier de la médecine libérale ou la réforme du cinquième risque.
Quant à l’après-Élysée, il est clairement revendiqué : se lancer dans le bain politique et partir à la rencontre de l’électeur. On peut perdre certaines illusions. On n’en a pas fini avec la comédie humaine.
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