Classique
Grand opéra romantique et féerique en trois actes, « Oberon » n'est pas l'uvre qui assura la célébrité du compositeur de « L'Invitation à la valse » et du « Freischütz ». Autant ce dernier est germanique et d'essence fantastique, autant « Oberon », composé pour le Covent Garden de Londres qui le créa en 1826, est dans le goût anglais, dans le moule du singspiel et dans une esthétique de vitrail médiéval. C'est une rareté du répertoire lyrique, ce qui n'est pas pour faire peur au Châtelet, qui a présenté « Der Freischütz » en 1989 alors que l'Opéra de Paris l'oublie consciencieusement depuis... 1927.
Hector Berlioz, critique, voyait « Oberon » comme le pendant du « Freischütz », l'un appartenant au fantastique sombre, violent, diabolique, l'autre du domaine des féeries souriantes, gracieuses, enchanteresses . Si les origines littéraires du « Freischütz » sont simples, tirées de la vieille légende du chasseur noir du « Livre des fantômes » de Appel et Laun, celles d'« Oberon » sont autrement complexes. Très schématiquement, c'est d'une chanson de geste en vers du XIIe siècle, « Huon de Bordeaux », qu'il tire son origine. Passant par la prose au XVe siècle, le sujet fut récupéré au XVIIIe et c'est à partir de cette source augmentée de celles du « Songe d'une nuit d'été » de Shakespeare et du « Conte du marchand » de Geoffroy Chaucer, que l'Allemand Christoph Martin Wieland publia en 1780 un « Oberon » qui inspira au moins quatre librettistes et compositeurs avant que Carl Maria von Weber n'en compose sa version sur un livret de James Robinson Planché. Genre singspiel oblige, l'uvre comporte airs, ensembles et churs, des dialogues parlés et des divertissements musicaux. Le sujet est moraliste, la faillibilité du couple est évoquée, mais que l'on se rassure, avec tous les artifices d'une mise en scène : un naufrage, des enchantements et même un calife ! Le projet de Weber de refondre son opéra dans le goût allemand n'aboutit jamais : il mourut quelques semaines après la création d' « Oberon », son dernier ouvrage.
Peu représentée, peu enregistrée - une seule gravure subsiste, celle, munichoise, de 1970, de Rafael Kubelik avec le jeune Pl[135]cido Domingo, Birgit Nilsson et Hermann Prey (2 CD Deutsche Grammophon/Universal) - l'uvre est cependant régulièrement donnée en version de concert. Celle du Châtelet sera interprétée par Hillevi Martinpelto, Steve Davislim et Charles Workman. John Eliot Gardiner dirigera son Orchestre révolutionnaire et romantique ainsi que son Monteverdi Choir. Le chef britannique se méfie des metteurs en scène, on ne lui donnera pas tort. L'an dernier il présentait « Falstaff », de Verdi, en costumes, dans une mise en espace assez discutable de son cru mêlant orchestre et chanteurs. En sera-t-il de même pour « Oberon » ?
Châtelet (01.40.28.28.40, www.chatelet-theatre.com) les 8 et 12 mars à 19 h 30 et le 10 à 16 h. Places de 11 à 91 F.
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