BENJAMIN LAZAR n’est pas un monomaniaque du baroque et de ses manières de dire la langue et de jouer les tragédies. On l’a vu dans des registres très différents. Il n’est pas dans la nostalgie : bien dans son siècle, lorsqu’il se tourne vers celui de l’âge classique en France, il n’oublie pas l’émotion, le sens. Dans un décor très sombre d’Adeline Caron, éclairé de quinquets et de panneaux de bougies (Christophe Naillet), de très beaux costumes (Alain Blanchot), les interprètes surgissent, visages très maquillés (Mathilde Benmoussa) : c’est saisissant, très beau.
Peu de mouvements, mais cette manière de dire si particulière, qui envoûte. Toutes les consonnes finales sont prononcées. La langue de Théophile de Viau est puissante. La musicalité et l’émotion, qui tiennent à l’intrigue même et au style, sont soulignées par ce traitement rigoureux mais jamais raide.
Très connue grâce à la scène des artisans dans « le Songe d’une nuit d’été », de Shakespeare, le nœud de l’intrigue rappelle le destin de Roméo et Juliette. Il s’agit des amours contrariées de deux jeunes gens. Pyrame, est interprété par Benjamin Lazar, Thisbé par Louise Moaty. Ils sont très fins et bouleversants. Toute l’équipe est de haute qualité : des artistes qui maîtrisent les moindres nuances de la langue et nous donnent le sentiment d’une plongée très émouvante dans le temps. Et nous permettent d’entendre un chef-d’œuvre de la littérature dramatique. Les scènes d’aveux ou de mort sont des sommets déchirants.
Théâtre de l’Athénée (tél. 01.53.05.19.19), jusqu’au 12 juin, 20 h 30. Durée : 1 h 45 sans entracte.
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