BLANC. Espace blanc immaculé, clinique. Portes monumentales qui pivotent sur elles-mêmes. Blanches aussi. Portes de vaudeville qui sont immédiatement utilisées par Gloria Paris, le metteur en scène, pour donner une connotation burlesque à la représentation. Quelque chose d'un ballet avec porte à tambour dans un film muet...
Les protagonistes, et en particulier Eva (Christine Gagnieux) et sa mère (Edith Scob), se déplacent à petits pas pressés comme dans une bande dessinée qui s'animerait. Le metteur en scène réinvente ainsi le côté pas sérieux, mais pas sérieux du tout de Copi. Argentin exilé en France, acteur autant qu'auteur, Copi se moque dans « Eva Peron » autant du couple politico-médiatique - avant l'heure - que de lui-même ; il se moque aussi de la maladie, lui qui, des années plus tard, devra affronter jusqu'à en mourir, une maladie qui n'existait pas lorsqu'il écrivit « Eva Peron ».
Le sujet de la pièce, le sujet sérieux, c'est bien cette femme face à la mort sous la figure du cancer. La mort est partout en fait ici et Gloria Paris l'a bien compris qui, au-delà de la pétulante Evita de Christine Gagnieux, femme dont on sent que le débordement d'énergie cache une désespérance - le texte le dit, d'ailleurs -, Paris l'a compris qui travaille ainsi les personnages. Il y a quelque chose d'une Cruella mortifère en la mère et Edith Scob s'en amuse aristocratiquement de sa voix suave et crissante à la fois ; il y a du délétère dans l'Ibiza de Bruno Fleury et quelque chose d'angoissé dans la très bonne infirmière de Nathalie Lacroix.
Mais celui qui porte le sens profond de la pièce et donne à la camarde sa plus forte présence, c'est Alain Gautré qui compose un Peron saisissant et vénéneux à souhait. Hâve, l'œil cerné, flottant dans son costume, il est parfaitement hallucinant, à la fois impressionnant et drôle, dans un rôle, précisons-le, presque totalement muet. La volubile Eva de Christine Gagnieux, regard vif mais étonné de peur aussi, parfois, sous la perruque blonde, n'en prend que plus de force.
Un travail rigoureux qui n'amoindrit jamais la méchanceté gamine de Copi. Tout cela est fait pour rire. Et surtout ses guignolades provocantes et enfantines. Mais on a le cœur serré par le fil tragique qui tend souterrainement les pitreries.
Théâtre de l'Athénée, grande salle, à 19 h mardi, à 20 h du mercredi au samedi, en matinée le dimanche. Durée : 1 h 15. Jusqu'au 14 février (01.53.05.19.19). Christian Bourgois publie Copi, théâtre et romans.
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