LE MYÉLOME multiple peut évoluer à partir d'une gammapathie monoclonale bénigne (sécrétion de l'immunoglobuline monoclonale sans manifestation clinique). Les raisons du passage entre les deux formes sont inconnues, même si plusieurs anomalies chromosomiques ont pu être individualisées, d'autant plus nombreuses que la maladie est évoluée.
Les causes du myélome multiple restent à ce jour inconnues et aucun facteur de risque n'a été identifié. L'étude des rares formes familiales du myélome multiple pourrait apporter de précieux éclaircissements sur la pathogenèse de ce cancer.
Le Pr Henry Lynch, directeur du Creighton Cancer Center, à Omaha, et son équipe avaient déjà décrit une famille (19 membres) atteinte du myélome multiple, gammapathie monoclonale bénigne et cancer de la prostate.
Ils viennent de décrire une famille noire (38 membres) dans laquelle sont trouvés, sur trois générations, cinq myélomes multiples, trois gammapathies monoclonales bénignes et cinq cancers de la prostate, rapporte au « Quotidien » le Pr Lynch. Le chercheur, octogénaire cette année, est aussi connu pour avoir donné son nom à la prédisposition familiale au cancer colo-rectal sans polypose (syndrome de Lynch ou HNPCC).
«Dans cette famille, nous avons trouvé deux vraies jumelles, dont l'une était atteinte d'un myélome multiple, ainsi que sa fille (cas probant), poursuit-il . La survenue du myélome à un jeune âge chez cette fille fait penser à un phénomène d'anticipation, déjà décrit dans cette affection.»
Pour rappel, en génétique, l'anticipation est l'apparition plus précoce d'une maladie d'une génération à l'autre, accompagnée d'une symptomatologie plus sévère. Ce phénomène est en grande partie explicable par l'expansion de répétitions de triplets, comme dans la maladie de Huntington (CAG) et la dystrophie myotonique (CTG). «Par ailleurs, l'autre jumelle était atteinte d'un cancer du pancréas, et sa fille d'une gammapathie monoclonale bénigne, poursuit le Pr Lynch. Cela suggère que cette femme atteinte du cancer pancréatique a transmis à sa fille la prédisposition au myélome multiple. Ainsi, dans cette famille, le cancer pancréatique pourrait faire partie du syndrome, en plus du cancer de la prostate.»
«Si une mutation germinale était finalement découverte dans cette famille, il serait alors concevable que le cancer pancréatique de cette jumelle fasse partie d'un syndrome du myélome multiple qui conférerait une prédisposition à une gammapathie monoclonale bénigne pouvant évoluer vers un myélome.»
L'une des plus fortes transmissions héréditaires.
«L'importance majeure de ce pedigree familial est que l'on y trouve l'une des plus fortes transmissions héréditaires du myélome décrites à ce jour, probablement de type autosomal dominant», souligne-t-il.
«Enfin, cette famille est l'exemple type d'individus qui pourraient bénéficier d'une recherche de la base moléculaire du syndrome. Une fois identifiée, l'anomalie moléculaire pourrait nous amener à mieux comprendre les voies pathogènes du myélome multiple et, finalement, pourrait contribuer à développer une thérapie ciblée pour cette maladie qui reste, à présent, incurable.»
«Cette famille justifie un suivi prolongé aux plans médical et génétique, avec notamment une étude de liaison, afin de rechercher un locus de susceptibilité.»
Lynch et coll. « New England Journal of Medicine », 10 juillet 2008, p. 152.
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