PSEUDOMONAS AERUGINOSA, qui est considéré comme la principale bactérie à l'origine d'infections pulmonaires chez les sujets souffrant de mucoviscidose, ne serait pas seul en cause dans les exacerbations bronchiques. Jusqu'à présent, il était admis que cette bactérie était à l'origine de 80 % des exacerbations bactériennes et que les virus participaient pour un tiers aux aggravations de la fonction respiratoire. Mais d'après un travail publié dans les PNAS, près de 39 % des infections bactériennes seraient en rapport avec une famille particulière de streptocoques, la famille Streptococcus milleri.
L'idée d'analyser de façon plus précise la composition de la flore bactérienne pulmonaire des patients atteints de mucoviscidose n'est pas neuve. Depuis des années, en effet, des cas d'exacerbation sont en partie résolus par l'utilisation d'antibiotiques qui ne sont pas actifs in vitro sur Pseudomonas aeruginosa. D'où l'hypothèse d'une composition polymicrobienne de la flore.
L'analyse des polymorphismes terminaux bactériens pratiquée dans des populations d'adultes souffrant de mucoviscidose permet d'évaluer à 13,4 le nombre des bactéries présentes à l'état physiologique dans l'arbre pulmonaire de ces sujets. L'idée de l'équipe de Christopher Sibley était de s'attacher à caractériser les streptocoques virulents puisque ces bactéries peuvent moduler l'expression de gènes de virulence des principaux pathogènes et notamment P.aeruginosa.
Parmi ces bactéries, les streptocoques du groupe milleri – S.constellatus, S.intermedius et S.anginosus – semblent jouer un rôle particulier chez les sujets souffrant de mucoviscidose. L'équipe du Dr Silbey a prouvé que près de 39 % des malades sont porteurs d'au moins une de ces bactéries. Mais toutes ne sont pas pathogènes. Elles colonisent le nasopharynx, les tractus gastro-intestinal et urinaire de 15 à 30 % de la population saine. Chez les sujets non immunocompétents, elles peuvent être à l'origine d'infections graves, telles que des abcès du cerveau, du foie, des poumons ou des empyèmes.
Le plus souvent associé à P. aeruginosa.
L'équipe du Dr Silbey a analysé la dynamique microbienne des bactéries de la famille des streptocoques milleri au cours d'exacerbations bronchiques chez des adultes souffrant de mucoviscidose. Pour cela, ils ont effectué de façon régulière des prélèvements bronchiques et ont mesuré le taux des trois streptocoques retenus. à un moment donné, et en fonction de facteurs qui n'ont pas encore été précisement déterminés, l'un des streptocoques devient dominant dans la flore microbienne. Si aucune action thérapeutique n'est alors entreprise, il se produit des phénomènes infectieux aigus qui mettent en cause ce germe le plus souvent associé à P.aeruginosa. Mais lorsqu'un traitement spécifique antistreptococcique est administré, il se produit à un retour d'un état de stabilité microbienne dans un délai assez rapide.
Les mécanismes à l'origine de la pathogénicité des streptocoques milleri ne sont pas encore parfaitement élucidés. Aujourd'hui, alors que les patients atteints de mucoviscidose vivent de plus en plus longtemps, il est important de comprendre comment les enzymes bactériennes (hyaluronidase, DNase, ribonucléase, chondroïtine sulfatase, gélatinase et collagénase) interagissent avec le tissu pulmonaire et avec les autres bactéries présentes pour pouvoir lutter efficacement contre les résistances bactériennes, de plus en plus nombreuses lorsque la pathologie pulmonaire évolue dans le temps.
« PNAS » édition avancée en ligne.
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