LE TEMPS DE LA MEDECINE
Evaluer le coût des psychoses chroniques est un exercice très difficile. Les chiffres n'existent pas (la Sécurité sociale elle-même n'a pas de statistiques par pathologie) et les dépenses se font à des niveaux multiples (il y a les médicaments, bien sûr, mais aussi les consultations, les hospitalisations, les psychothérapies, les allocations diverses - l'aide aux adultes handicapés, l'allocation de logement...).
Cependant, des évaluations ont été faites, souvent partielles, qui montrent toutes que les psychoses chroniques, extrêmement invalidantes - l'OMS classe la schizophrénie dans le groupe des dix maladies qui contribuent le plus au nombre de jours d'invalidité dans une vie -, peuvent aussi être rangées parmi les maladies les plus coûteuses. Ce n'est qu'une demi-surprise quand on sait que les troubles mentaux sont en France, par grandes catégories diagnostiques, le deuxième poste de dépense de santé (9,4 % du total), derrière les maladies de l'appareil respiratoires (10,7 % du total) et loin devant les tumeurs (5,3 %). Mais le détail des chiffres est édifiant. On estime par exemple qu'en France la psychose chronique, qui touche 1 % de la population, représente 2,5 % des quelque 150 milliards d'euros dépensés chaque année pour la santé, soit 1,6 milliard d'euros. Du côté des médicaments, les seuls antipsychotiques coûtent au régime général de l'assurance-maladie 220,4 millions d'euros (en 2002, cela correspondait à 14,5 millions de boîtes consommées, soit, au passage, 13 % de plus qu'en 2001). Dans les hôpitaux psychiatriques, un lit sur deux est occupé par un malade schizophrène et on peut estimer à plus de 10 000 le nombre de journées d'hospitalisation que nécessitent chaque année les psychoses chroniques dans les hôpitaux publics comme dans les cliniques privées. Au total, certains calculent que le coût social de ces maladies dépasse allègrement en France la dizaine de milliards d'euros par an (le chiffre de 30 milliards d'euros est parfois évoqué).
La facture, colossale, vaut pour l'ensemble des pays industrialisés. En avance quand il s'agit de décortiquer le coût de ses prises en charge, le Canada où un lit d'hôpital sur douze est occupé par un schizophrène, a ainsi calculé qu'il consacrait directement 0,3 point de son produit intérieur brut à la prise en charge de ces malades, soit un total de 2,35 milliards de dollars, une somme qui double quand on y ajoute le coût indirect de ces mêmes patients. Chaque malade hospitalisé coûterait au Canada 39 000 dollars par an (l'addition se réduirait sensiblement avec les nouveaux traitements, tombant à 4 500 dollars par an et par patient).
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