De notre correspondante
à New-York
Le lupus érythémateux disséminé (LED) est une maladie auto-immune qui affecte essentiellement les femmes en âge de procréer. Parmi ses diverses manifestations cliniques, les anomalies du système nerveux central (SNC) sont souvent les plus débilitantes. Jusqu'à 80 % des patients atteints souffrent de symptômes neuropsychiatriques et d'un déclin cognitif. Les manifestations neuropsychiatriques peuvent être de mineures à sévères et sont extrêmement diverses (crises comitiales, céphalées, états confusionnels aigus, dépression ou psychose, dysfonction cognitive, infarctus focaux, etc.).
De nombreuses manifestations cliniques du lupus semblent être médiées par des autoanticorps, en particulier les autoanticorps anti-ADN. Si l'on comprend partiellement comment certains autoanticorps du lupus provoquent la maladie, comme la glomérulonéphrite, on ignore comment ces autoanticorps ciblent les neurones et provoquent l'atteinte du SNC.
DeGiorgio, Diamond (Albert Einstein College of Medicine, Bronx, NY) et coll. apportent quelques éclaircissements. Utilisant une bibliothèque de peptides, les chercheurs ont précédemment noté que les autoanticorps anti-ADN réagissent de façon croisée avec un pentapeptide particulier (Asp/Glu-Trp-Asp/Glu-Tyr-Ser/Gly). Or cette séquence peptidique est aussi présente dans le domaine extracellulaire des sous-unités NR2a et NR2b du récepteur NMDA (N-méthyl-D-aspartate) de la souris et de l'homme.
Des anticorps anti-ADN dotés de réactivité croisée
Les chercheurs viennent de démontrer que le récepteur NR2 est reconnu par des anticorps anti-ADN de la souris et de l'homme. De plus, les anticorps anti-ADN dotés de cette réactivité croisée provoquent la mort apoptotique des neurones, tant in vivo qu' in vitro. Enfin, les investigateurs ont constaté que le liquide céphalo-rachidien d'un patient atteint de LED contient ces anticorps et provoque aussi la mort neuronale par une voie apoptotique.
« Ces observations indiquent que les anticorps du lupus réagissent de façon croisée avec l'ADN et les récepteurs NMDA, qu'ils réussissent à passer dans le LCR et qu'ils pourraient provoquer des anomalies non thrombotiques et non vasculaires du SNC », concluent les chercheurs. Si ce mécanisme est confirmé par des études complémentaires, cela suggère une stratégie thérapeutique neuroprotectrice pour certains patients.
« Bien que le rapport de DeGiorgio et coll. ne laisse pas indifférent, il est préliminaire », soulignent les Drs Kotzin et coll. dans un commentaire. « Ils n'ont étudié le sérum que de quelques patients et le LCR de seulement un patient. Egalement, il n'existe encore aucune donnée qui montre que ce sous-groupe d'anticorps anti-ADN soit associé à l'atteinte du SNC dans le LED, et en particulier aux syndromes diffus du SNC ».
« Nature Medicine », novembre 2001, p. 1189 et 1175
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