« C'est quelque chose d'acquis dans le monde de l'entreprise, où les compétences de chaque acteur sont remises en cause. Je ne vois pas pourquoi les médecins ne se soumettraient pas eux aussi à cette obligation. »
Le Dr Philippe Deshayes s'est toujours investi dans la FMC et s'est toujours senti prêt à évaluer ses propres pratiques professionnelles. Dermatologue en Basse-Normandie, l'une des quatre régions pilotes de la démarche EPP, il a choisi d'évaluer individuellement sa pratique. Le médecin qui a « accompagné » cette évaluation était un généraliste. Un spécialiste évalué par un généraliste, et inversement. Ce n'est pas un problème, au contraire. « Nous n'avons pas discuté sur le fond mais sur la forme. Il n'était pas question de remettre en cause mes propres diagnostics mais de voir comment était ma pratique médicale, voir si j'avais bien noté toutes les informations nécessaires concernant mes patients dans le fichier médical », raconte le Dr Deshayes. « Qu'on soit spécialiste ou généraliste, on se rend compte que'on laisse parfois passer certaines choses. Il y a des questions que je ne posais pas forcément à tous mes patients. Maintenant, j'essaie de les systématiser ».
Une culture de l'évaluation
« Les médecins qui sont habilités ne sont pas formés pour évaluer une seule spécialité, explique le Dr Patrick Brézac, président de la Conférence des URML (Union régionale des médecins libéraux). Il s'agit plutôt de développer une culture de l'évaluation, domaine qui n'a d'ailleurs jamais été enseigné à l'université ».
L'évaluation du Dr Deshayes s'est étalée sur un mois environ. « Cela s'est fait en toute confraternité, insiste-t-il ; mon évaluateur n'était pas là pour me mettre une note. Finalement, il n'a fait qu'accompagner mon autoévaluation. ».
Le Dr Augustin Rohart, généraliste dans le Nord - Pas-de-Calais, a accompagné l'évaluation d'un groupe de douze généralistes. Informés par leur URML, ces médecins libéraux ont opté pour la voie collective, comptant sur l'effet motivant du groupe. Lors d'une première soirée, qui a duré trois heures, ils ont choisi un thème d'évaluation parmi les vingt adaptés aux généralistes. « On leur a alors expliqué le principe même de l'évaluation, parce qu'ils ne savaient pas trop dans quoi ils se lançaient », se souvient le Dr Rohart. Ils ont eu six semaines pour appliquer cinq points du référentiel qu'ils avaient choisi, « l'éducation du diabétique ».
Une tendance des résultats a ensuite été dégagée et analysée lors d'une deuxième réunion. Et puis chacun a reçu ses propres résultats. « A partir de données collectives, nous avons tenté de faire émerger des pistes à titre individuel », explique le Dr Rohart.
L'URML du Nord - Pas-de-Calais attend quelques retours de la part de ses médecins habilités pour décider de conserver cette procédure ou bien d'y apporter des modifications. L'aspect volontaire et personnel de la démarche ne devrait jamais être remis en cause.
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