Une expérience brutale

Publié le 18/01/2006
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«AU COURS d’un long voyage en avion (Singapour-Paris), raconte ce spécialiste hospitalier de 44 ans, j’ai ressenti une violente douleur du mollet gauche qui s’est progressivement calmée à l’arrivée en France. Quelques jours après ce retour, et en raison d’une gêne persistante, j’ai été voir un de mes amis phlébologue, pour qu’il réalise un Doppler veineux. La conclusion: thrombose veineuse profonde. En examinant mon mollet, j’ai remarqué un «grain de beauté» que j’ai immédiatement qualifié de «mélanome». Cet autodiagnostic qui me paraissait réaliste m’effrayait et je n’attendais qu’une chose, qu’on me dise que je m’étais trompé.»

«Après la mise sous traitement anticoagulant, poursuit-il, j’ai voulu obtenir un avis de mes collègues dermatologues hospitaliers. Mais, dans un premier temps, je me suis contenté de leur montrer mon mollet au détour d’un couloir. Chose à ne jamais faire. Les trois collègues ont tous tenté de me rassurer mais au fond, je savais qu’il ne fallait pas se fier à ces consultations de couloir. J’ai donc pris un rendez-vous anonyme avec un dermatologue que je neconnaissais pas.»

Dix jours après, se souvient le médecin, «l’analyse du grain de beauté revenait avec un diagnostic de «mélanome grade III»». «Les semaines qui ont suivi ont été rythmées par les examens complémentaires: échographie, scanner, IRM. A cette occasion, on a découvert que j’étais aussi atteint d’une pathologie hépatique tout à fait indépendante de mon problème de mélanome et qui doit désormais être prise en charge.»

Ce que le praticien retient de ces derniers mois ? «Que le fait d’être médecin ne rend pas plus rationnel face à la peur de la maladie. Que certains de mes confères semblaient tout à fait mal à l’aise face à mon cas: projection inconsciente ou absence d’empathie. Enfin, que face à des pathologies multiples et parfois intriquées, il est le plus souvent nécessaire de faire appel à un confrère qui soit capable de coordonner les avis des différents spécialistes: je suis donc désormais suivi par un médecin interniste qui a su établir entre nous un vrai lien de confiance.»

> Dr P. C.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7880