Cinéma

Une exécution ordinaire

Publié le 05/02/2010
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1952. Staline est malade. La peau flasque, le visage envahi de taches sombres, il va bientôt mourir. Une artérite lui inflige de violentes douleurs dans les jambes et son médecin personnel, jugé incapable, a été renvoyé. Les services secrets lui parlent alors d’une jeune urologue qui exerce occasionnellement ses dons de magnétiseuse. Elle s’appelle Anna, elle vit avec un ingénieur dont elle est très amoureuse. Convoquée manu militari, Anna (Marina Hands, magnifique) tente quelques massages et, instantanément, le vieux dictateur est soulagé. Entre la douce jeune femme et son patient inhumain s’installe alors une relation diabolique. Il s’insinue dans sa vie privée, glacial, pervers monstrueux. Anna doit se taire sur ses rendez vous, elle doit être constamment disponible, son entourage est surveillé… Rarement la pesanteur qui régnait alors en URSS aura été aussi sensible. Peuple muet, hagard, visages impassibles suant la peur, police omniprésente : Une exécution ordinaire est un film qui fait froid dans le dos.

Jusque là écrivain (on lui doit La Chambre des officiers, sur son grand père, « gueule cassée » au lendemain de 14-18) Marc Dugain passe pour la première fois à la réalisation. Il adapte avec une maestria étonnante la première partie de son dernier livre au titre éponyme. Impossible de ne pas citer André Dussolier, méconnaissable et hallucinant en Staline.

Film français de Marc Dugain (1H45)

Avec André Dussolier, Marina Hands, Edouard Baer.

Bernard Génin

Source : lequotidiendumedecin.fr