L E choix d'un traitement pharmacologique visant à diminuer un facteur de risque cardio-vasculaire doit se fonder sur la connaissance non seulement de l'efficacité de la molécule considérée, mais également de sa sécurité d'emploi sur de très vastes échantillons de population.
C'est la raison pour laquelle, en 1992, le Prospective Pooling Project (PPP) a été mis en place afin d'évaluer spécifiquement le profil de tolérance au long cours de la pravastatine.
Projet de coopération unique en son genre, il s'applique à trois essais cliniques de référence [West of Scotland Coronary Prevention Study (WOSCOPS), l'étude Cholesterol and Recurrent Events (CARE) et l'essai Long-term Intervention with Pravastatin in Ischemic Disease (LIPID)].
Analyse poolée des résultats
A leur terme, chacun de ces essais avait montré, outre l'efficacité de la pravastatine sur la réduction de la mortalité, la survenue des infarctus du myocarde et des accidents vasculaires cérébraux, la sécurité d'emploi de ce médicament.
Récemment, une analyse statistique a spécifiquement poolé les résultats des données de tolérance de la pravastatine recueillies tout au long des essais WOSCOPS, CARE et LIPID. Les calculs ont permis de mesurer la sécurité d'emploi de la pravastatine, reflétée par le pourcentage de patients n'ayant pas arrêté définitivement le produit de l'essai pendant leur participation dans l'essai considéré, quelle qu'en soit la raison.
Prise de la pravastatine pendant plus de quatre ans
Au total, 19 592 patients furent randomisés dans ces trois grands essais ;
9 809 reçurent la pravastatine à raison de 40 mg/j et 9 783 le placebo, en double insu, pendant 4,7 ans en moyenne. Cela représente 112 000 personnes-année d'exposition à la pravastatine ; 79 % des sujets sous pravastatine l'ont poursuivie durant quatre à six ans, voire davantage.
Les résultats d'ensemble montrent que moins de patients du groupe pravastatine ont arrêté de manière permanente le produit de l'essai, quelle qu'en soit la raison, comparé au placebo (7 % vs 72 %, p = 0,0001), même après ajustement pour divers facteurs confondants.
La tolérance était comparable, quels que soient le sexe des patients et la tranche d'âge considérée (> 65 ans et < 65 ans).
De plus, la fréquence de survenue des décès et des accidents vasculaires cérébraux a été moindre chez les patients ayant pris la pravastatine. Aucune différence entre les deux groupes n'a été observée en ce qui concerne l'incidence des décès de causes non cardio-vasculaires ou des cancers primitifs.
Sur les 220 000 échantillons sanguins prélevés (13 en moyenne par patient) au cours des essais, la proportion des anomalies de la fonction hépatique (ALAT > 3 fois la limite supérieure de la normale) a été identique avec la pravastatine et le placebo, respectivement, 128 (1,4 %) et 131 (1,4 %).
Trois patients sous pravastatine et sept de ceux sous placebo ont arrêté la prise du produit de l'essai de façon permanente. Aucun cas de myopathie (faiblesse musculaire associée à des CPK > 10 fois la limite supérieure de la normale) ni de rhabdomyolyse confirmée n'a été rapporté dans les
deux groupes.
Les données de ces trois essais cliniques confirment les éléments acquis au préalable sur la sécurité d'utilisation au long cours de la pravastatine.
Réserver les associations aux spécialistes
La pravastatine à la dose de 40 mg/jour est bien tolérée. Sa prise n'est pas associée, dans ces études prospectives, à une augmentation de la survenue d'événements indésirables graves non cardiovasculaires (incluant les modifications des tests de la fonction hépatiques et les myosites, de diagnostic clinique ou biologique).
« Après la divulgation du PPP, les autorités réglementaires américaines n'ont pas préconisé de pratiquer une surveillance des tests hépatiques », a précisé le Dr Pfeffer. « En cas de survenue de douleurs musculaires inexpliquées», il rappelle qu' « une consultation médicale est nécessaire». Selon lui, « la prescription d'associations hypolipémiantes doit être réservée aux spécialistes ».
D'après la communication du Dr M. A. Pfeffer, Boston (Etats-Unis).
European Society of Cardiology, 23e Congrès -Stockholm.
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