Une étude évalue les effets cancérigènes de la pollution

Publié le 09/02/2003
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C'est à Strasbourg que l'étude Genotox'er entre dans sa dernière phase. Grâce à des volontaires, enfants et adultes, qui ont accepté de porter un petit sac à dos aspirant les particules d'air, une équipe de scientifiques cherche à mesurer les effets de la pollution atmosphérique, extérieure et intérieure, sur la santé des citadins.

Après une étude pilote réalisée à Grenoble en 2001, le projet Genotox'er s'est poursuivi à Paris, Rouen et Strasbourg. « Trois zones d'études ont été ciblées dans chaque ville, explique Nathalie Leclerc, ingénieur d'étude à l'Association pour la surveillance et l'étude de la pollution atmosphérique en Alsace (ASPA) : une zone soumise à un fort trafic automobile, une zone que l'on appelle de "fond urbain" et une zone influencée par les émissions industrielles. »
Le projet Genotox'er a pour objet de décrire l'exposition de populations urbaines aux particules atmosphériques et au benzène dans le but de procéder à une évaluation du risque du cancer. Pendant 48 heures, les 60 volontaires strasbourgeois (30 enfants et 30 adultes) vont donc transporter une sorte de sac à dos contenant des filtres. Deux phases sont étudiées, en hiver puis en été. Une fois les prélèvements effectués, les divers polluants seront mis en contact avec des cellules pour évaluer leur potentiel génotoxique. « On regardera si le matériel génétique est abîmé, explique le Pr Denis Zmirou, qui coordonne le projet. La culture de ces cellules montrera ce que nos poumons encourent tous les jours. » Cette analyse de la génotoxicité des particules atmosphériques prélevées sera effectuée en fonction des caractéristiques des lieux de leur collecte et de leur composition chimique.

Des inégalités géographiques

« Les premiers résultats vont dans le sens de nos hypothèses : il y a une différence nette entre les trois zones géographiques ciblées, ajoute le Pr Zmirou. Il y a moins de différence de pollution entre les villes qu'entre les différentes zones d'une même ville. Nous sommes inégaux devant la qualité de l'air et les risques », assure-t-il, en soulignant l'importance de ces mesures individuelles, plus précises que les capteurs fixes des réseaux de surveillance de la qualité de l'air comme Airparif. « Grâce à cette métrologie personnelle de l'exposition, nous allons également pouvoir constater si les stations de mesure représentent fidèlement l'exposition des citadins », souligne Nathalie Leclerc. Le rôle des principales sources connues actuellement de la pollution atmosphérique (trafic automobile et activités industrielles) pourra ainsi être étudié, donnant des arguments pour la poursuite des efforts de réduction de la pollution urbaine.

Stéphanie HASENDAHL

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7270