P OUR mieux connaître l'histoire naturelle des infections à papillomavirus (HPV) chez des jeunes femmes au début leur vie sexuelle, une équipe d'épidémiologistes britanniques a mis en place, entre 1988 et 1992, une étude sur 2 011 jeunes filles âgées de 15 à 19 ans. Ils ont procédé, tous les six mois, à une examen cytologique et virologique local et à un prélèvement sanguin afin d'estimer les risques de contamination à trois ans et de préciser le sérotype d'HPV en cause dans ces infections.
Les investigateurs se sont surtout intéressés à la prévalence d'infection par les stéréotypes HPV16 et 18, en raison de leur lien prouvé avec les cancers du col utérin à l'âge adulte.
Au moment du recrutement, 1 075 des 2 011 jeunes femmes n'avaient jamais été en contact avec des virus de la famille des HPV. A l'issue des trois années de suivi, le risque cumulé d'infection à HPV, quel qu'en soit le type, était de 44 %. Parmi, les sérotypes en cause, HPV16 était le plus fréquemment retrouvé (110 sur 407 infections) suivi des sérotypes 18 (64 infections), 6 ou 11 (45 cas), 33 (37 cas), 31 (28 cas), 58 (27 cas) ; enfin, le sérotype 52 était le moins souvent en cause (10 cas).
Les auteurs se sont aussi intéressés au risque d'infection par des sérotypes autre que ceux détectés à l'inclusion dans l'étude. A trois ans, ils estiment, en se basant sur cette population qui fréquente un centre de soins de la ville de Manchester, que ce risque est de 26 %.
Cancer du col et HPV16
Le second volet de l'étude concernait les frottis cervicaux. Parmi ceux pratiqués durant cette période de trois ans, 246 se sont révélés anormaux et 28 correspondaient à des cancers du col in situ de haut grade. Le risque de développer ce type de cancer était plus élevé chez les femmes atteintes d'infection à HPV16 (risque multiplié par 8,5) et la majorité des cas ont été détectés de six à douze mois après la positivation sérologique du test sanguin HPV16. Néanmoins, les examens sérologiques pratiqués chez 5 des 28 femmes atteintes de cancer in situ n'ont jamais montré le signe d'une infection à HPV.
« Globalement, on peut considérer que, quel que soit le sérotype en cause dans l'infection à HPV, le risque d'anomalies cytologiques du frottis cervical est systématiquement majoré », expliquent les auteurs. Ils proposent donc que les examens de dépistage systématiques soient maintenant accompagnés d'un examen sérologique à la recherche du sérotype HPV16 en raison de son association - une nouvelle fois prouvée- avec les cancers in situ du col.
« Lancet », vol. 357, pp. 1 816 et 1 831-1 836.
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