LA COMMERCIALISATION en vente libre de la Dhea aux Etats-Unis continue à faire couler beaucoup d’encre. Une nouvelle étude est publiée cette semaine par le « New England Journal of Medicine ». Ce travail randomisé contre placebo qui a duré deux ans a inclus 87 hommes et 27 femmes âgés dont le taux de la forme sulfatée de la Dhea était bas. Dans le groupe des hommes, 29 ont été tirés au sort pour recevoir de la Dhea, 27 de la testostérone et 31 un placebo. Les femmes, pour leur part, ont reçu soit de la Dhea (pour 27 d’entre elles), soit un placebo (30). L’équipe du Dr K. Sreekumaran Nair (Rochester) a mesuré à l’entrée dans l’étude et après vingt-quatre mois les performances physiques, la composition en masse graisseuse du corps, la densité minérale osseuse, la tolérance au glucose et la qualité de vie.
Par rapport au moment de l’inclusion dans l’étude, le taux sérique de sulfate de Dhea était majoré chez les personnes traitées par la Dhea par rapport à celles sous placebo (augmentation de 3,4 µg/l chez les hommes et de 3,8 µg/l chez les femmes). Chez les hommes traités par testostérone, fort logiquement, le taux de cette hormone a été majoré par rapport aux sujets contrôles. Une analyse menée conjointement sur toutes les personnes traitées par Dhea ne conclut pas à une modification des paramètres analysés : masse grasse, consommation maximale en oxygène, force musculaire ou sensibilité à l’insuline. La masse maigre des hommes qui ont reçu de la testostérone a légèrement augmenté. La densité osseuse au niveau de la tête fémorale de tous les hommes traités, que ce soit par Dhea ou testostérone, a augmenté et, chez les femmes traitées, cette majoration n’a été retrouvée qu’au niveau de l’extrémité inférieure du radius. Enfin, l’indice de qualité de vie n’a pas été influencé par la prise d’un traitement. Peut-on conclure de ce travail que la Dhea n’était pas dotée d’effets chez les personnes dont le taux est faible et qu’elle peut donc être considérée comme un supplément alimentaire et non un médicament ? Pour le Dr Paul Stewart, éditorialiste, «un travail de recherche complémentaire doit être mené afin de mieux comprendre le rôle de la Dhea chez les patients présentant un déficit de cette hormone.
A l’heure actuelle, les études déjà publiées ne permettent pas d’affirmer que ce type de traitement peut être bénéfique ou que, à l’inverse, il peut se révéler nocif. Puisque la Dhea est efficace chez les personnes présentant une insuffisance médullo-surrénale, elle pourrait désormais être reconnue comme médicament dans cette indication, ce qui limiterait son utilisation abusive à des fins de rajeunissement».
« New England Journal of Medicine », vol. 355 ; 16, pp. 1647-1658 et 1724-1726, 19 octobre 2006.
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