« Médicament et hôpital : la nouvelle donne » est le titre de la dernière étude de Claude Le Pen, qui l'a réalisée avec la participation du LEEM (Les Entreprises du médicament) et du LIR (Laboratoires internationaux de recherche).
L'auteur part du constat mis en évidence dans le rapport Couanau (1) que l'hôpital « est devenu le lieu quasi monopolistique de l'expérimentation et de la mise en œuvre des techniques médicales les plus innovantes, et partant, les plus coûteuses ». Avec pour corollaire, un doublement du coût moyen des soins délivrés au cours d'une journée d'hospitalisation entre 1985 et 2000. Dans le même temps, la durée moyenne d'hospitalisation en court séjour s'est réduite presque naturellement ; elle est passée, pour la même période, de 9 à 6 jours, avec une baisse de 20 % du nombre de journées. Un raccourcissement de la durée moyenne d'hospitalisation et du nombre total de journées dû pour une part à des impératifs financiers en raison de leur coût élevé. Mais pour Claude Le Pen, d'autres facteurs entrent en jeu pour expliquer cette baisse, et en particulier le médicament, qui, bien qu'il ne représente que 6 % des dépenses hospitalières en 2000, aurait « joué un rôle majeur dans ce processus ». Selon l'économiste, « il a fortement contribué à la diminution des durées de séjour en rendant possible la poursuite en ville de traitements commencés à l'hôpital et en offrant des solutions thérapeutiques ambulatoires alternatives à des patients hospitalisés ».
L'exemple du sida
Et Claude Le Pen cite un certain nombre d'exemples à l'appui, comme les molécules antivirales dans le traitement du sida. Les malades qui, auparavant, étaient soignés à l'hôpital pour des affections opportunistes suivent aujourd'hui leur traitement en ville. L'étude indique que « dans les trois années qui ont suivi l'arrivée des trithérapies, de 1996 à 1999, ce sont près de 300 millions d'euros qui ont été économisés par le système hospitalier ». De même, pour les patients schizophrènes, de nouvelles générations d'antipsychotiques dits atypiques ont permis à ceux qui étaient résistants aux traitements antérieurs de quitter la structure hospitalière. Des études ont montré que si, dans cette pathologie, le coût des médicaments s'est accru, cet accroissement a été largement compensé par la diminution de la durée des séjours. A preuve, l'unité psychiatrique de l'hôpital de Lille, où « le coût des médicaments a augmenté de 1 000 euros par patient et celui des séjours a baissé de 27 000 euros ».
Enfin, d'autres médicaments ont permis une modification de la pratique chirurgicale : les immunosuppresseurs, qui permettent de contrôler les phénomènes de rejet, ont rendu possible les greffes d'organes. D'une part, note l'auteur du rapport, ces médicaments ont permis de nouveaux types d'intervention, mais en plus, dans le cas de greffe du rein par exemple, le coût de l'opération additionné à celui du traitement médicamenteux est sept fois moins onéreux que le coût des dialyses à répétition que devaient subir les patients en centre hospitalier.
Pour Claude Le Pen, c'est clair, « l'alourdissement du poste médicament dans les dépenses hospitalières (qui est passée de 4 % à 6 % entre 1980 et 2000, NDLR) n'est pas illogique ».
(1) Une mission parlementaire qui a étudié les problèmes de l'organisation interne de l'hôpital et qui a été rendue publique en mars 2003.
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