LE TRAITEMENT de la maladie coeliaque est à la fois simple, car reposant sur le seul régime sans gluten, et compliqué, du fait des difficultés d'observance de ce régime d'exclusion à vie, en particulier chez les adolescents. Une tentative de réintroduction du gluten en fin de croissance a été effectuée dans le cadre d'une étude menée de 1983 à 2006 sur une cohorte d'enfants suivis jusqu'à l'âge adulte.
L'âge moyen des enfants au moment du diagnostic était de 3,2 ans pour les filles (n = 23) et de 4 ans pour les garçons (n = 27). L'enquête nutritionnelle a montré que les premiers signes cliniques sont apparus lors de la diversification alimentaire. La maladie coeliaque a été suspectée principalement sur la présence d'un retard staturo-pondéral et d'une diarrhée chronique, ainsi que sur des signes de malnutrition. Le diagnostic de certitude a été posé sur les résultats de la biopsie jéjunale et du dosage des anticorps sériques.
Les enfants ont été répartis en deux groupes de 25 chacun : arrêt du régime en fin de puberté (avec le consentement du patient et de sa famille), groupe 1, et poursuite de ce dernier jusqu'à l'âge adulte, groupe 2. Lors du recrutement, la quasi-totalité (98 %) avaient un retard pondéral et 14 % un retard statural avec un âge osseux inférieur à l'âge chronologique de 1,2 an en moyenne. Une normalisation de la muqueuse intestinale et un rattrapage du retard pondéral avaient été noté sous régime sans gluten. En revanche, 4 % avaient un retard statural.
Rechutes.
L'analyse des résultats, réalisée après un suivi moyen de seize ans, montre que la réintroduction du gluten dans l'alimentation en fin de croissance est suivie d'une rechute chez 94 % des enfants. Les signes cliniques, apparus au bout de 6 mois, sont surtout digestifs (douleur, constipation, diarrhée). Après un an, les enfants ont également présenté une rechute histologique, plus ou moins intense et caractérisée par un infiltrat lymphocytaire très dense du chorion et une atrophie villositaire irrégulière. Sur le plan biologique, 30 % d'entre eux ont positivé leurs anticorps antigliadine. Enfin, la vitesse de croissance est restée nettement ralentie chez 2 % dans le groupe 2 et chez 4 % des enfants du groupe 1. La reprise du régime sans gluten a entraîné une normalisation de l'ensemble des paramètres à l'exception des paramètres anthropométriques chez ce dernier sous-groupe de patients.
Cette étude confirme la notion du maintien à vie du régime sans gluten au cours de la maladie coeliaque, d'où la nécessité d'un diagnostic de certitude. Le développement, peut-être dans un avenir plus ou moins proche, d'un vaccin ou d'une alimentation à base de céréales sans prolamines toxiques ouvrirait de nouvelles perspectives dans la prise en charge de la maladie.
D'après la communication du Dr H. Benmekhbi, Algérie (CHU Constantine).
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature