Une étude américaine redécouvre les vertus de l'examen clinique

Publié le 05/10/2003
Article réservé aux abonnés

L'examen physique peut avoir un effet substantiel sur les soins donnés aux patients hospitalisés, commente l'investigateur. Comme le montre un article publié dans le « Lancet », un patient sur quatre a eu une révision de son diagnostic et de sa prise en charge, avec le recours à un spécialiste pour réaliser une procédure en urgence. « Des résultats qui ont des implications importantes sur le plan de l'éducation médicale, et des efforts pour la sécurité et la qualité des soins à l'hôpital. »

L'US National Board of Medical Examiners a proposé que, au début de 2004, les étudiants en médecine américains fassent la preuve de leurs compétences à réaliser l'examen clinique du malade, avant de recevoir leur licence pour exercer. Aux Etats-Unis, seulement un quart des écoles médicales demandent aux étudiants de valider ce type de tests.
Même si les médecins acquièrent cette aptitude, vont-ils la conserver pendant toute leur carrière ? s'est demandé le Dr Brendan M. Reilly, du Cook County Hospital de Chicago (connu par la série télévisée « Urgences », NDLR).
Il s'est penché sur cent malades consécutifs hospitalisés dans un service de médecine générale. Des diagnostics avaient été posés à l'admission et le Dr Reilly a examiné chaque malade dans les vingt-quatre heures après l'admission. Il a défini les découvertes par l'examen clinique comme « cardinales » lorsque les gestes - inspection, percussion, palpation, auscultation ou autres évaluations au lit du malade - avaient conduit à une révision du diagnostic initial et à une modification de la prise en charge.
Une découverte cardinale a été faite par l'examen clinique chez vingt-six des patients enrôlés. Pour beaucoup, cette découverte a induit la collaboration active de spécialistes et la réalisation de gestes chirurgicaux en urgence (six patients) ou de procédures invasives (chez deux patients, suivis par une chimiothérapie cytotoxique).

Modification de la prise en charge

Sept patients sont particulièrement importants à considérer, note l'auteur : seul un examen physique était capable de faire procéder à la nécessaire modification de la prise en charge.
A côté de cela, dans les dix-neuf autres cas, les découvertes cliniques dites cardinales pouvaient être confirmées par les examens complémentaires. « Ces résultats sont similaires à ce qui est publié à partir des autopsies », remarque l'auteur.
Il s'agit là de la première étude sur l'importance clinique d'un examen physique dans la prise en charge des patients hospitalisés.
« La définition de la médecine fondée sur les preuves a été récemment revue, pour faire une place plus importante à la compétence clinique, qui est l'habileté essentielle permettant d'intégrer, pour la prise de décision, les résultats des examens complémentaires, les observations cliniques et les souhaits du malade », précise l'auteur, pour qui « c'est seulement un début ».
En réalité, les enthousiastes de la médecine fondée sur les preuves mettent moins l'accent sur l'examen clinique que sur les développements de l'informatique médicale ou les revues de la littérature. Alors qu'il s'agit de faire, pour l'intérêt du patient, « de la pratique de la médecine plus que de la pratique des preuves ».

« The Lancet », vol. 362, 4 octobre 2003, pp. 1100-1105.

Dr Béatrice VUAILLE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7397