HELSINKI telle que la peint Kaurismäki est une ville triste. Le gardien de nuit Koistinen, personnage principal des « Lumières du faubourg », y arpente le pavé à la recherche d’une petite place au soleil (généralement absent), de quelqu’un qui voudrait bien s’intéresser à lui. C’est lui qui est triste. Sans doute y a-t-il dans la capitale finlandaise des lieux qui respirent la joie de vivre ; le réalisateur ne les montre pas.
Après « Au loin s’en vont les nuages », qui abordait le thème du chômage, et « l’Homme sans passé », qui parlait des sans-abri, « les Lumières du faubourg » traitent de la solitude. Une trilogie où tout pourrait être et rester noir, mais, comme le dit Kaurismäki à propos des déboires de son nouvel anti-héros, «heureusement pour lui, l’auteur du film a la réputation d’être un vieil homme –il a 49ans– au coeur tendre, on peut donc espérer qu’une étincelle d’espoir illuminera la scène finale».
L’histoire imaginée par le cinéaste est simple (ce qui n’empêche pas quelques rebondissements), ses personnages sont simples, la mise en scène est sans effet. Il suffit à Kaurismäki de filmer ses acteurs côte à côte ou face à face, dans des décors aux couleurs choisies. Il y ajoute des dialogues – quand il y en a – légèrement décalés, une musique qui mêle tangos classiques (dont « Volver », de Carlos Gardel) et rock énergique, et le tour est joué. Ce Koistinen, qui n’a pourtant rien pour séduire, on a envie qu’il s’en sorte, que quelque chose de bien arrive dans sa pauvre existence.
Dans « les Lumières du faubourg » (référence aux « Lumières de la ville » de Chaplin), il y a du désespoir, de la violence, de l’alcool pour oublier. Et il y a, oui, la précieuse étincelle d’espoir.
Kaurismäki vient de refuser de participer aux oscars alors que son film avait été choisi par l’Institut finlandais du film pour représenter la Finlande. Motif : son opposition à la politique étrangère de George Bush. En 2002, quand « l’Homme sans passé » avait été sélectionné parmi les candidats à l’oscar du meilleur film étranger, il avait déjà refusé d’aller aux Etats-Unis ou d’y être représenté.
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