De notre correspondant
L'expérimentation de cette nouvelle technique de greffe s'inscrit dans un contexte général d'augmentation de la pratique de l'exercice physique, donc des accidents. D'où une incidence croissante des lésions traumatiques méniscales, ligamentaires et cartilagineuses au niveau du genou : des pathologies qui s'accompagnent de douleur récurrente, voire d'invalidité, mais aussi d'arthrose précoce, parfois sévère, chez les sujets jeunes. Or pour ces derniers, le traitement prothétique habituel ne peut évidemment pas constituer une solution satisfaisante, essentiellement en raison de la durée de vie limitée des prothèses.
Si de multiples méthodes de réparation des lésions du cartilage ont été expérimentées ces dernières années, résume le Dr Muriel Piperno, de l'équipe de Lyon-Sud, aucune ne parvient à restaurer le cartilage articulaire normal. Et c'est tout l'intérêt de la greffe de chondrocytes autologues, mise au point par Brittberg en 1994 : elle permet de réparer la lésion avec les propres cellules du patient.
Trois temps
L'opération se déroule schématiquement en trois temps. D'abord, le prélèvement d'un fragment de cartilage, puis l'extraction des cellules (les chondrocytes), au cours d'une arthroscopie du genou. Ensuite, la multiplication des cellules prélevées dans un milieu spécifique. Enfin, l'ouverture du genou ; le chirurgien recouvre la lésion cartilagineuse d'une fine membrane de périoste cousue sur les berges de la lésion, puis les cellules sont injectées sous cette membrane et se remettent spontanément à fabriquer du cartilage.
Jusqu'à présent, ajoute l'équipe lyonnaise, le coût de cette technique était prohibitif : les cellules devaient être préparées aux Etats-Unis dans un laboratoire privé spécialisé de Boston, avec fragment de cartilage envoyé par avion. Le laboratoire américain retournait ensuite la suspension cellulaire prête à l'injection, contre une facture de l'ordre de 70 000 F.
Un programme expérimental
Pour l'instant, ces premiers essais sont inscrits dans un programme expérimental, strictement encadré par la cellule d'investigation clinique tout récemment créée au CHU de Lyon : l'équipe de recherche, à laquelle appartient le Dr Odile Damour, qui a une expérience d'une quinzaine d'années dans la recherche sur les substituts cutanés et la culture d'épiderme (hôpital Edouard-Herriot), veut d'abord évaluer sous tous les angles l'intérêt de cette technique hautement sophistiquée de réparation des lésions du cartilage.
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