De notre envoyée spéciale à Seattle
La découverte a été réalisée au cours d'une grande étude épidémiologique menée sur la viande consommée dans la brousse, explique au « Quotidien » Eric de la Porte, directeur de l'unité de recherche de l'Institut de recherche pour le développement (IRD).
Plus de 1 000 échantillons de viande simienne correspondant à 300 espèces de singes ont été analysés. Cela a d'abord montré que tous sont infectés par différentes souches de SIV plus ou moins proches. Ensuite, c'est de cette manière que cinq nouveaux SIV ont été décrits, parmi les animaux testés, et on s'est aperçu que les petits singes à nez blanc, très fréquemment consommés, sont infectés par un virus particulier. Les animaux contaminés présentent des anticorps anti-VIH1, réagissant de manière croisée avec des produits de gènes d'enveloppe du VIH1. C'est la première fois qu'une découverte de la sorte est faite.
Le séquençage complet a révélé pour ce virus une enveloppe proche de celle du virus du chimpanzé, SIV cpz, et la présence d'un gène régulateur spécifique du VIH1, le vpu.
« C'est la première fois que l'on montre que des petits singes ont un virus ressemblant au VIH1, avec un gène régulateur spécifique, qui n'est présent que sur le VIH et le SIV cpz », indique le Pr de la Porte. Cela a plusieurs implications importantes.
Viande consommée par les humains et les chimpanzés
Ces petits singes font partie de l'environnement familier et leur viande est consommée à la fois par les humains et les chimpanzés. Il est possible que le virus des chimpanzés, que l'on croyait ancêtre du VIH, ait été attrapé à partir des petits singes à nez blanc. Ces derniers ayant été les hôtes naturels, inattendus, des virus ancestraux.
En outre, les populations sont potentiellement en contact avec les chimpanzés et les petits singes à nez blanc. D'où une possibilité d'émergence de nouvelles souches de virus d'immunodéficience par recombinaison génétique des différentes souches entre elles. De fait, le VIH1, le SIV cpz et le nouveau virus identifié forment le même groupe phylogénétique.
Maintenant, le travail va consister à vérifier chez les humains s'ils ne sont pas infectés par ces virus, à la fois celui proche du VIH1 et les autres virus simiens identifiés.
A cet effet, « nous développons des tests sérologiques spécifiques des cinq nouveaux virus simiens », indique E. de la Porte. Une surveillance épidémiologique est donc prévue.
Par ailleurs, en relation avec le ministère de l'Environnement, des mesures d'éducation vont être mises en place pour prévenir dans les populations un risque d'anthropozoonose, qui concerne aussi le risque lié à la fièvre hémorragique.
Une étude in vitro des caractères du virus est entreprise (pousse-t-il sur les lymphocytes humains ?).
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