LORSQUE les personnes âgées commencent à perdre leur autonomie, la plupart d'entre elles préfèrent rester aussi longtemps que possible à leur domicile, dans un environnement familier. Ce souhait entendu par les médecins libéraux nécessite cependant de mettre en place autour d'elles un dispositif d'aide composé de différents métiers qu'il s'agit alors de relier. Lors d'une journée organisée par l'union régionale des médecins libéraux (Urml) d'Ile-de-France sur la perte d'autonomie, les participants ont souhaité faire le point sur la coordination des soins à domicile dans la région : état des lieux des acteurs et des compétences et connaissance des acteurs.
La plupart des initiatives sont parties du programme régional de santé « Personnes âgées » élaboré en collaboration entre la Drass, l'Urcam et l'Urml. « Le but est de créer des lieux d'échange et d'information pluridisciplinaires avec des institutions, des établissements de soins, des associations et des médecins libéraux, ce qui permet d'associer les champs du médical, du sanitaire et du social », précise le Dr Valérie Olagnier, responsable du programme. Parmi les récentes réalisations, une page Internet « Personnes âgées : qui fait quoi ? » sur le site de l'Urml d'Ile-de-France*, très utile aux médecins pour trouver des informations, des conseils, des structures sur la prise en charge des personnes âgées.
Autre exemple : la mise en place d'une plate-forme téléphonique « Aînés violence écoute » (0.810.600.209), qui permet le signalement de situations de maltraitance et qui donne des conseils de prévention.
Il reste que, pour les médecins, il est souvent difficile de trouver ses repères dans le dédale des sigles et le nombre d'interlocuteurs différents dans les services sociaux. « Le médecin généraliste doit être un pivot, mais il a parfois un peu le tournis, confirme le Dr Bernard Ortolan, président de la section généraliste de l'Urml. Pour accompagner et protéger nos patients et leurs familles - en nous protégeant nous-mêmes du risque d'épuisement - nous avons besoin de déléguer et d'avoir autour de nous une équipe multidisciplinaire et opérationnelle. »
Un métier à inventer.
Aides-ménagères, auxiliaires de vie, infirmières, ergothérapeutes et kinésithérapeutes : des métiers et des fonctions existent pour créer ces réseaux, mais le personnel est encore largement insuffisant. « A la demande de la Drass, nous avons formé des formateurs d'auxiliaires de vie, témoigne le Dr Bernard Ortolan. Il est probable qu'il manque en ville l'équivalent des aides-soignantes de l'hôpital, c'est-à-dire des personnes capables et autorisées à faire des soins corporels. C'est un métier à inventer. »
Si la façon d'aborder la question de la perte d'autonomie a évolué depuis une dizaine d'années, la problématique est ancienne. Il existe une série d'initiatives locales qui ont pu servir de laboratoires d'idées et faire école. Dans le canton de Meulan (Yvelines), l'Association locale de développement sanitaire (Alds) a été créée il y a plus de vingt ans. « Pour que nos personnes âgées puissent rester chez elles, nous avons fondé une association avec des professionnels de santé et des communes pour créer des services adéquats », explique le Dr Dominique Descout, généraliste et président de l'Alds. Une démarche reconnue puisque l'évaluation dans le cadre de l'APA (allocation pour l'autonomie) a été confiée à cette structure. Elle a également mis en place, depuis le 1er janvier, un réseau baptisé Emile, qui permet de faire une évaluation complète de l'état de santé, de la mobilité du patient et de la disponibilité des aidants et de faire une proposition de prise en charge. Pour le médecin, l'adhésion a lieu au moment où il souhaite confier un de ses patients au réseau.
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