DANS LA REVUE « PLoS Medicine », une équipe de virologues chinois (Georges Gao et coll.) publie une étude épidémiologique sur l’épidémie à Streptococcus suis qui est survenue en 2005 dans la province du Sichuan en Chine. L’an dernier, 204 personnes, en grande majorité des fermiers élevant des porcs, ont été atteintes et 38 sont décédées des suites de l’infection. L’une des particularités de cette épidémie tient aux formes cliniques relevées dans cette région.
Syndrome apparenté à un choc toxique.
Si, au cours des épidémies précédentes qui sont survenues en Thaïlande, en Chine et à Hong Kong, les atteintes cliniques les plus fréquentes étaient neurologiques (méningites, à 80 %), pulmonaires et articulaires, les patients chinois ont en majorité succombé à un syndrome apparenté à un choc toxique. Or, jusque-là, aucune manifestation de ce type n’avait été décrite avec S.suis.
Cliniquement, les patients présentaient un érythème prurigineux devenant pâle à la vitropression, une hypotension et une défaillance multiorganique. L’analyse histologique des tissus sous-cutanés n’a pas permis de retrouver de signes d’infection locale des tissus mous.
L’équipe de virologues chinois a tenté d’analyser l’origine de la virulence particulière de la souche incriminée. L’hypothèse de la production bactérienne d’un superantigène a d’abord été évoquée. Mais l’analyse de l’activité mitogénique de S.suis n’a pas permis de confirmer l’existence du superantigène. D’autres mécanismes de virulence ont alors été évalués : interaction entre la protéine M et le fibrinogène ou activation du système de coagulation. Mais ces pistes ont été abandonnées à la suite d’analyses in vitro, et l’origine exacte de la virulence accrue reste encore inexpliquée.
Pour les virologues chinois, la comparaison des souches chinoises avec les autres souches de S.suis existantes pourrait orienter vers des pistes de recherche nouvelles. Actuellement, 35 stéréotypes de S.suis ont été recensés chez le porc ou chez l’homme. S.suis est un streptocoque du groupe D alpha hémolytique ou non hémolytique qui, in vivo, est habituellement sensible à la pénicilline. Les souches les plus virulentes ont en commun de produire des protéines extracellulaires particulières telles qu’un facteur extracellulaire de 110 kDa et une protéine libérée par la muraminidase et une hémolysine thiol-activée (suilysine). Mais aucune de ces trois protéines, à elles seules, ne peut être à l’origine de la virulence retrouvée en Chine.
La piste d’un polysaccharide capsulaire.
La dernière piste en date est celle du rôle d’un polysaccharide capsulaire, déjà identifié chez d’autres streptocoques, et qui confère à la bactérie une résistance à l’opsonophagocytose. L’équipe du Dr Gao a prouvé que ce polysaccharide existe dans les souches chinoises, mais son rôle exact dans le genèse du choc toxique doit encore être précisé.
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