Depuis environ deux mois, douze cas de distomatose hépatique, dont aucun n'a été grave, sont survenus dans le nord de la France. Après avoir interrogé les patients pour trouver l'origine de l'épidémie, on est remonté jusqu'à une cressonnière de la région « probablement à l'origine » des cas, explique le Dr Danièle Ilef (cellule interrégionale d'épidémiologie de la DRASS du Nord - Pas-de-Calais). Hypothèse la plus probable qui doit maintenant être vérifiée.
Eviction de la consommation du cresson incriminé
Des mesures de santé publique ont été mises en place. Avec une éviction de la consommation du cresson incriminé d'abord. Ensuite, une enquête épidémiologique est en cours, avec notamment une étude cas-témoin, pour confirmer la cause de la contamination. Enfin, une lettre d'information est adressée aux médecins de la région et aux laboratoires d'analyse, pour susciter le dépistage des formes frustes et expliquer les bénéfices du traitement. « Devant tout syndrome asthénique fébrile ou de malaise général persistant, une numération formule devrait orienter le diagnostic par l'hyperéosinophilie, puis le confirmer par la sérologie », est-il conseillé aux médecins dans cette lettre.
Les patients bénéficient d'un produit qui a une action à la fois sur les formes larvaires et les formes adultes du parasite, le triclabendazole (Egaten), traitement qui est, selon les données de l'OMS, extrêmement efficace. Il a actuellement une ATU et est prescrit à l'hôpital. Le triclabendazole représente un progrès important comparativement au médicament utilisé jusqu'ici, le bithionol, qui n'a une action que sur les formes larvaires. Le triclabendazole s'administre en dose unique de 10 mg/kg de poids, après la prise de nourriture.
La douve hépatique survient habituellement de façon sporadique et ponctuelle, chez des personnes ayant consommé des végétaux sauvages. Des conditions climatiques inhabituelles du début de 2002, combinant de fortes amplitudes de température et une forte pluviométrie, sont à même d'avoir favorisé le développement du parasite et son passage dans une production de cresson. Fasciola hepatica est en principe un parasite des herbivores domestiques (bovins, ovins et caprins). Le cresson pousse en milieu aquatique et les exploitations sont en principe protégées par de fortes barrières des eaux de ruissellement provenant des champs et des élevages du bétail. La métacercaire enkystée sur les végétaux est très résistante à l'eau de javel, au vinaigre et à la réfrigération. Elle est détruite par l'ébullition (cuisson) ou la congélation.
Le ministère de la Santé envisage actuellement de revoir les réglementation des conditions d'exploitation du cresson, notamment pour renforcer les mesures de protection des cressonnière en cas d'inondation et contre les eaux de ruissellement.
Un ver plat qui séjourne dans les voies biliaires
Fasciola hepatica est un ver plat qui séjourne dans les voies biliaires des hôtes définitifs (hommes ou ruminants). Après contamination d'un végétal cru infesté, l'incubation chez l'homme dure de une à quatre semaines. La métacercaire dékystée suit sa progression vers le foie et les canaux biliaires, où se produit sa maturation.
L'invasion est souvent symptomatique, associant un syndrome général de type allergique (asthénie, fièvre à 39°, prurit ou urticaire ou rash cutané) à des douleurs de l'hypochondre droit. Une importante hyperéosinophilie, pouvant atteindre de 50 à 60 % du taux des leucocytes, est le symptôme biologique le plus précoce.
Invasion : syndrome général de type allergique
Au stade d'hépatite parasitaire, surviennent des troubles gastro-intestinaux, une hépatomégalie sensible, un ictère ou un subictère, avec une atteinte de l'état général : majoration de l'asthénie et amaigrissement. Par suite de l'inflammation et de la taille importante des vers, il peut y avoir un syndrome obstructif des voies biliaires.
Le diagnostic doit être évoqué sur l'anamnèse et la clinique et, surtout, sur l'éosinophilie importante et persistante. Il est confirmé par la sérologie, alors que l'élimination des ufs dans les selles est tardive et inconstante.
Plus le traitement est précoce, plus la résolution des symptômes est rapide. Souvent le diagnostic est tardif, car la symptomatologie est bâtarde, orientant plutôt vers une cholécystite ou une appendicite, comme les cas du Nord - Pas-de-Calais.
Pour toutes précisions complémentaires, les praticiens peuvent contacter le service de maladies infectieuses et conseils aux voyageurs au 03.20.69.46.05 ou 03.20.69.48.48.
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