Infertilité et contraception masculines

Une enzyme indispensable à la mobilité du spermatozoïde

Publié le 18/11/2004
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UNE ENZYME du spermatozoïde pourrait constituer une approche nouvelle de la contraception masculine. Le travail a été mené par des chercheurs américains sur la souris mâle, mais l'enzyme en question existe également chez l'homme. Cette cible pourrait aussi être impliquée dans certaines infertilités masculines.
L'équipe de Deborah O'Brien (Chapel Hill, Caroline du Nord) connaissait l'existence de la Gapds (glyceraldéhyde 3-phosphate déhydrogénase-S) et son rôle dans la glycolyse, avec libération d'ATP.

Dans le flagelle.
La spécificité de cette enzyme est de n'exister que dans le sperme (d'où le S), plus exactement dans le flagelle du spermatozoïde. L'équipe savait également la glycogenèse impliquée dans la motilité du flagelle. Restait à découvrir si la Gapds et la réaction métabolique qu'elle génère sont indispensables à la mobilité du spermatozoïde.
Pour le contrôler, les chercheurs ont mis au point une souche de souris incapables génétiquement de produire l'enzyme. Les mâles, au contact de femelles, copulent effectivement, mais aucune gestation ne survient. Vus au microscope, les spermatozoïdes se montrent seulement capables d'effectuer un mouvement latéral, sans déplacement.

A vérifier, le pouvoir fécondant ou non.
Les chercheurs n'ont pu encore vérifier si ces gamètes, au contact direct de l'œuf, conservent leur pouvoir fécondant.
Puisque l'homme possède une enzyme similaire, la Gapd2, il existe là une cible désignée pour un traitement inhibiteur. Cette contraception, non hormonale (n'affectant donc pas les taux de testostérone), pourrait être réalisée soit chez l'homme, par médicament, soit chez la femme, par voie vaginale.
Enfin, 81 % des infertilités masculines impliquent un défaut de motilité des spermatozoïdes avec, dans nombre de cas, une possible atteinte d'origine génétique de la Gapd2. L'étude du fonctionnement de l'enzyme pourrait donc aboutir à des traitements de ces stérilités.

« Proceedings of the National Academy of Sciences » 15 novembre 2004.

> Dr GUY BENZADON

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7635