Une enquête IPSOS-Therval Médical : les médecins gèrent plutôt bien leur fatigue

Publié le 04/10/2001
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Après avoir exploré l'asthénie des patients l'an passé, les Laboratoires Therval Médical se sont intéressés à la fatigue des médecins généralistes. Pour cela, un questionnaire a été envoyé par IPSOS à 2 000 médecins. Certaines réponses étaient prévisibles, notamment concernant le temps de travail hebdomadaire. Les médecins sont en effet très loin des 35 heures, puisque 70 % d'entre eux travaillent plus de 55 heures. Au nombre d'heures passées en consultation, il faut ajouter les week-ends de garde (3,6 jours par mois en moyenne), les gardes de nuit (4,7 nuits de garde par mois en moyenne), sans oublier les déplacements qui représentent plus de vingt heures par semaine pour un tiers des médecins. Les facteurs susceptibles d'engendrer la fatigue sont donc multiples. Certains médecins ayant en plus une activité en dispensaire ou à l'hôpital.

Exigence de disponibilité permanente

Les facteurs considérés par la profession elle-même comme étant les plus générateurs de fatigue sont le manque de temps libre et l'exigence de disponibilité permanente respectivement pour 77 et 73 % d'entre eux. Viennent ensuite le manque de sommeil pour 40 % d'entre eux, les déplacements professionnels cités par 34 %, la crainte de passer à côté d'un diagnostic difficile (31 %) et les horaires décalés (17 %).
Invités à se situer sur une échelle visuelle analogique (EVA) de la fatigue qui allait de la superforme (0) à l'épuisement extrême (10), les médecins généralistes interrogés ont globalement estimé leur état de fatigue à 4,2 ; 45 % des praticiens donnent une note comprise entre 4 et 6, et 14 % se sentent véritablement épuisés, situant leur fatigue entre 7 et 10.

43 % souffrent d'une fatigue polyvalente

Le questionnaire IPSOS a cherché à savoir comment se traduisait cette fatigue.
Soixante dix pour cent des médecins évoquent en premier lieu la fatigue psychique, c'est-à-dire le manque de dynamisme, les troubles du sommeil, la lassitude, le désintérêt, la perte de l'élan vital, de l'initiative et de la motivation. Vient ensuite la fatigue physique (55 %) : courbatures, lombalgies, fatigabilité, perte de la résistance à l'effort. En troisième lieu est mentionnée la fatigue intellectuelle par 46 % d'entre eux, c'est-à-dire les troubles de la mémoire, de l'attention, la baisse de l'efficacité intellectuelle. Une grande majorité d'entre eux déclarent éprouver au moins deux types de fatigue et 43 % souffrent des trois types de fatigue.

Du sport et des loisirs

Pour combattre leur fatigue, 51 % font du sport, 49 % prennent des loisirs ; ce sont les deux modes d'évasion les plus souvent cités. D'autres cherchent à augmenter leur temps de sommeil (30 %) et certains (20 %) ont une consommation accrue d'excitants (thé, café...). La prise de médicament ne concerne globalement que 16 % des praticiens.
« Au total, a souligné le Pr San Marco (1) , les médecins gèrent plutôt bien leur fatigue, alors qu'ils sont soumis en permanence à de nombreuses pressions : exigence de disponibilité, responsabilité permanente, peur éventuelle de l'erreur diagnostique passée ou future, sans compter l'urgence qui vient s'ajouter à une journée déjà bien pleine, etc. Tout cela est usant, fatigant, avec l'impossibilité de décrocher et de se libérer l'esprit.
Face à cette charge psychologique particulièrement pesante, les médecins sont moins médicalisés que la plupart de leurs patients et évitent la toxicomanie aux benzodiazépines. La majorité d'entre eux profite pleinement de son temps libre pour pratiquer des activités qui permettent de "garder la forme" et de rester efficace. »
Interrogé par l'Institut IPSOS dans le cadre de cette enquête, le Dr Gérard Porte (Institut Cœur Effort Santé, Paris), médecin généraliste et médecin de la Fédération française de cyclisme, est venu témoigner lors de la conférence de presse. « Personnellement, je ne me sens pas spécialement fatigué, car j'ai la chance d'exercer des activités médicales diversifiées. Mon activité à la Fédération de cyclisme m'amène à côtoyer des gens passionnants qui pratiquent un sport que j'ai toujours aimé : il y a un côté évasion qui fait passer la fatigue au second plan, même si le suivi médical d'une course cycliste est lourd de responsabilités.
D'une manière générale, le fait d'avoir recours à une ou plusieurs activités sportives est un élément anti-stress important, auxquels 51 % de nos confrères ont recours d'après l'étude IPSOS. Même si le sport fatigue, c'est de la " bonne " fatigue, de la fatigue physique qui fait dormir et qu'on recommande à nos patients »,
a-t-il conclu.

D'après une conférence de presse organisée par Therval Médical (Groupe Servier).
(1) Centre d'exploration de la fatigue, hôpital la Timone, Marseille.

La sulbutiamine, un antiasthénique polyvalent

Si la prise de médicaments ne concerne que 16 % des médecins, elle est d'autant plus importante que la fatigue est intense : 29 % des médecins se situant entre 7 et 10 sur l'EVA sont effectivement des consommateurs très réguliers de solutions pharmaceutiques.
Très logiquement encore, ce sont les médecins qui déclarent se plaindre d'une fatigue dite polymorphe (à la fois physique, psychique et intellectuelle) qui sont les plus grands consommateurs de médicaments (38 %).
Les médecins adeptes de la solution pharmaceutique choisissent dans leur grande majorité un antiasthénique comme la sulbutiamine : 12 % en consomment régulièrement. La sulbutiamine (Arcalion 200) est un antiasthénique polyvalent dont le mode d'action neurobiologique commence à être mieux connu, et qui est indiqué dans l'asthénie sous toutes ses formes.

Dr Annie DUMONCEAU

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6982