L ES Ukrainiens commémorent aujourd'hui le quinzième anniversaire de l'explosion de la centrale de Tchernobyl, en 1986. En France, si l'on en croit la CRII-RAD, organisme indépendant, la moitié est de la France, de la Corse à l'Alsace, est encore fortement contaminée par le césium 137, après le passage du nuage radioactif. Si l'iode 131 a totalement disparu, précisent les auteurs de l'étude présentée par la CRII-RAD, le césium 137 n'a diminué que de 30 % en quinze ans, avec des taux de 5 000 à 45 000 becquerels par mètre carré.
Selon l'OPRI (Office de protection contre les rayonnements ionisants), la radioactivité du césium 137 met trois ans à disparaître. La « première carte de contamination du sol français », dressée par le géologue André Paris, bénévole de la CRII-RAD, révèle que les endroits les plus pollués se situent dans des zones montagneuses peu peuplées et dans les parc régionaux du Vercors (Drôme-Isère) ou du Mercantour (Alpes-Maritime). L'étude a été menée en juillet 1999 et août 2000, à partir de 2 200 mesures avec un spectromètre sur l'ensemble du territoire.
Selon le président de la CRII-RAD, Roland Desbordes, cette carte permet de « voir exactement les doses scandaleuses subies par les populations », après l'explosion de Tchernobyl. La CRII-RAD, qui s'est associée à la plainte de 99 personnes atteintes d'un cancer de la thyroïde, espère que cette nouvelle étude montrant « la réalité avec des preuves irréfutables » contribuera à lutter contre « les habitudes de secret des pouvoirs publics en matière d'accidents nucléaires ».
Pari gagné, puisque le ministre délégué à la Santé, Bernard Kouchner, vient d'annoncer le lancement d'une enquête épidémiologique sur l'impact du nuage radioactif de Tchernobyl sur la santé en France. « Que cette étude épidémiologique sur les conséquences de Tchernobyl, qui a déjà partiellement travaillé dans des régions précises, soit lancée dès aujourd'hui en France », a-t-il affirmé à l'Assemblée nationale, en estimant toutefois que l'augmentation de cancers de la thyroïde, démontrée en France « depuis vingt ans, c'est-à-dire avant l'accident de Tchernobyl » n'était « pas alarmante ».
Un rapport effectué par l'Institut de protection et de sûreté nucléaire (IPSN) et par l'Institut de veille sanitaire, commandé en janvier 2000 par la direction générale de la Santé, concluait qu'il convenait de renforcer le suivi des cancers de la thyroïde en France, mais jugeait qu'une étude épidémiologique était « difficile à réaliser », compte tenu du faible nombre de cas.
Des mesures en Corse
Parallèlement à cette enquête épidémiologique nationale, l'IPSN va réaliser une campagne de mesure de la radioactivité des terrains et des produits alimentaires en Corse, l'un des départements les plus touchés par le passage du nuage radioactif. Les premiers résultats seront dévoilés en automne 2001.
Bien que la centrale de Tchernobyl ait été définitivement condamnée en décembre dernier, la probabilité d'une autre catastrophe nucléaire n'est pas écartée. La chape de béton, baptisée sarcophage, qui recouvre le réacteur accidenté, menace de s'écrouler et de laisser s'échapper quelque 160 tonnes de magma radioactif.
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