DE NOTRE CORRESPONDANT
EN DÉPIT d’un certain reflux de la vie associative, en Alsace comme ailleurs, les bénévoles qui oeuvrent aux côtés des personnes âgées restent nombreux, même si la plupart sont des femmes de 50 à 75 ans, ce qui pose, à terme, le problème de la relève. Sans leur présence, beaucoup d’institutions et de maisons de retraite auraient du mal à organiser des animations pour leurs pensionnaires. De même, les bénévoles qui se rendent au domicile des patients sont parfois leurs seuls contacts. «Nous donnons de l’amour et de la joie, et nous en recevons deux fois plus en retour», résume une bénévole. En outre, à l’heure des économies drastiques dans tout le secteur sanitaire et social, les bénévoles assurent des tâches «qui ne seraient pas faites sans eux», au risque parfois d’une certaine confusion avec l’activité des professionnels.
S’ils sont mal formés, mal encadrés ou mal accueillis, les bénévoles risquent d’être vite démotivés, ou perçus comme une charge plutôt que comme un « complément » utile. Pour cette raison, souligne le Pr Francis Kuntzmann, président d’Alsace gérontologie, ils doivent comprendre que la bonne volonté ne suffit pas à s’intégrer dans un cadre précis, à l’issue d’une formation. Laquelle est indispensable, non seulement pour comprendre les maladies des personnes suivies et ne pas être dérouté par certains comportements, celui des patients Alzheimer, par exemple, mais aussi pour avoir une idée d’ensemble de l’organisation générale des soins et de la prise en charge du patient. Un bénévole formé saura résister à la charge émotionnelle liée à sa fonction et se comporter avec les malades. De nombreuses institutions proposent aujourd’hui de telles formations aux associations, sous forme de journées réparties sur quelques semaines ou quelques mois.
Chacun son rôle.
Il importe aussi de définir les relations entre les bénévoles et les professionnels, d’une part, pour éviter que les premiers soient utilisés à la place des seconds, ce qui n’est admissible ni pour les uns ni pour les autres et, d’autre part, pour prévenir les frictions entre les deux groupes. Comme le résume un directeur d’hôpital, «les bénévoles s’entendent très bien avecles cadres dirigeants, mais les conflits surgissent avec les aides-soignantes, dont le travailquotidien et protocolisé se heurte parfois à l’activité du bénévole dans le service». De nombreux établissements ont tenté de régler ces conflits par des chartes du bénévole à l’hôpital, qui permettent, effectivement, de mieux définir les rôles et les missions de chacun.
Enfin, la journée de Mulhouse a abordé les activités bénévoles menées par les personnes âgées, y compris au profit des jeunes et des enfants. Illustration idéale des politiques intergénérationnelles, ces activités valorisent les personnes âgées qui s’y adonnent et, selon elles, «les aident à rester jeunes et actives». Pourtant, les associations commencent, elles aussi, à avoir des problèmes de recrutement, et souhaiteraient, pour cette raison, qu’une «sensibilisation au bénévolat» ait lieu en milieu professionnel, lors de la « préparation à la retraite ». De grandes entreprises, comme la Sncf, mènent déjà de telles actions, qui devraient se généraliser. Reste ensuite à canaliser les bénévoles en évitant certains écueils : ils ne doivent pas, par exemple, reconstruire dans le bénévolat les relations de pouvoir qui étaient les leurs du temps de leur activité.
Irremplaçable et bénéfique pour ceux qui l’exercent comme pour ceux qui en profitent, le bénévolat, dans la santé comme ailleurs, représente un aspect primordial du lien social. Actuellement, près d’un Français sur trois mène une activité bénévole et le fait de commencer tôt décide souvent de la poursuite des activités : la moitié des retraités bénévoles faisaient déjà du bénévolat lorsqu’ils étaient en activité. Il est grand temps de valoriser cette énergie, sans laquelle des pans entiers de la société ne pourraient fonctionner.
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