MALADIE de peau fréquente (3 % de la population), le psoriasis ne met pas en danger la vie du patient et est, de ce fait, souvent minimisé. Pourtant, cette affection dermatologique chronique et capricieuse a un impact significatif sur la qualité de vie des patients, avec des conséquences psychosociales qui peuvent être désastreuses.
Le diagnostic du psoriasis est le plus souvent aisé pour le médecin : plaque rouge ou rosée, en relief, recouverte de squames blanc nacré, plus ou moins épaisses, sans autre symptôme. Le nombre, la taille et la localisation des plaques sont extrêmement variables d'un individu à l'autre et chez un même individu au cours du temps. Les zones les plus fréquemment touchées sont les coudes, les lombes, les genoux et le cuir chevelu.
Le prurit est particulièrement important.
Atteint dans 50 à 80 % des cas, le cuir chevelu peut être touché de manière isolée ou associée à d'autres lésions cutanées. L'aspect clinique peut être plus ou moins sévère. Son spectre s'étend du simple état pelliculaire, des squames grasses, avec une irritation de la lisière du cuir chevelu, des petites plaques identiques au reste du corps, jusqu'à un «casque» blanchâtre recouvrant le cuir chevelu et engainant les cheveux. Par ailleurs, le prurit est particulièrement important dans cette topographie et les démangeaisons associées à ces lésions induisent elles-mêmes de nouvelles lésions. Une surinfection bactérienne n'est pas rare avec l'apparition de suintement et de croûtes. Le psoriasis du cuir chevelu n'est pas responsable d'une chute de cheveux, sauf en cas de forme ancienne, sévère, avec des plaques épaisses et traumatisées par un grattage intensif.
La chevelure ayant une part importante dans l'image de soi et dans les comportements de séduction, plus de 30 % des patients avec un psoriasis du scalp reconnaissent cette atteinte comme une cause de handicap psychosocial. La prise en charge du psoriasis du cuir chevelu est un défi pour le médecin, car son traitement est difficile : présence des cheveux gênant l'application d'un topique ou la réalisation de séances de photothérapie, existence de squames épaisses et, enfin, proximité du visage. L'application sur le cuir chevelu de corticoïdes ou de substances irritantes comme le dithranol est limitée du fait de cette proximité. L'arrivée des biothérapies (infliximab, étanercept, éfalizumab), traitements efficaces, a changé la prise en charge du psoriasis mais elles restent limitées aux formes les plus graves et les plus sévères, d'où l'importance des traitements locaux en première intention.
Les dérivés de la vitamine D3.
Le traitement de première intention du psoriasis du cuir chevelu repose actuellement sur les dérivés de la vitamine D3. Jusqu'à ce jour, on ne disposait que du calcipotriol en lotion, solution hydroalcoolique, efficace, mais irritante (40 % des cas), qui nécessitait une application biquotidienne (difficulté d'observance).
C'est dans ce contexte que les Laboratoires Merck Lipha Santé viennent de compléter la gamme de la spécialité Apsor, en créant une émulsion adaptée au traitement du cuir chevelu à raison d'une seule application par jour. Analogue de la vitamine D3, le tacalcitol est présenté dans Apsor émulsion sous forme topique à la concentration de 4 µg/g, à appliquer localement une fois par jour. La molécule bloque la prolifération des kératinocytes et stimule leur différenciation ; elle a également des propriétés anti-inflammatoires.
Publiée en 2004 (Ruzicka T., Trompe C.), l'étude pivot qui a démontré l'efficacité de tacalcitol en émulsion est européenne. Elle porte sur 273 patients ayant un psoriasis du cuir chevelu, vus dans 35 centres investigateurs de 7 pays différents. Elle a démontré que la monoapplication quotidienne du tacalcitol émulsion, en couche mince, le soir, sur le cuir chevelu, avait une efficacité clinique sur la rougeur, l'infiltration, la desquamation et les démangeaisons chez près de 80 % des patients, après 8 semaines de traitement. Une rémission complète était observée chez plus de 20 % des patients traités contre 4 % sous placebo. De plus, les patients reconnaissaient que l'émulsion était agréable à utiliser, et la majorité a jugé de manière très positive son confort d'utilisation. Aucun effet secondaire grave n'a été observé, et les réactions locales qui sont apparues étaient occasionnelles et temporaires, comme l'atteste le faible nombre d'interruption du traitement dans le cadre de l'étude (1,5 %).
Apsor émulsion est vendu en flacon de 50 ml au prix de 31,39 euros et remboursé à 65 % par la Sécurité sociale.
Conférence de presse des Laboratoires Merck Lipha Santé. D'après les communications des Prs Louis Dubertret (hôpital Saint-Louis, Paris) et Denis Jullien (CH Lyon Sud).
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