« Pratiques laxistes » des médecins, comportements « irresponsables » des patients, « incurie », « tout-gratuit inflationniste » : l'émission Complément d'Enquête, diffusée sur France 2, s'est efforcée de faire le point, de manière didactique, sur les dérives de notre système de santé.
Entre des reportages sur la prescription « complaisante » d'arrêts maladie, sur la caisse primaire de Nantes dirigée par le « chevalier blanc de la chasse au gaspi », alias Claude Frémont, sur la « rigidité » de la gestion hospitalière ou sur la surconsommation de médicaments, des invités prestigieux ont tour à tour analysé les incohérences ou dysfonctionnements du système français qui, tout en étant le « meilleur du monde », selon l'OMS, souffre d'une crise de financement indéniable (16 milliards d'euros de déficit cumulé 2002-2003 pour la branche maladie). Mais les intervenants successifs n'ont guère apporté de solutions concrètes, laissant le spectateur sur sa faim et le gouvernement devant ses choix. « Il y a incontestablement des abus qui incombent aux patients, aux médecins et au système », a résumé le Dr Michel Chassang, président de la CSMF. A propos des arrêts de travail, poste qui connaît une très forte augmentation depuis un an, il a minimisé la responsabilité des prescripteurs, en insistant sur la « complicité des caisses et des employeurs » pour mettre ainsi à la retraite anticipée des personnes entre « 57 et 60 ans ». Il a assuré par ailleurs que les exigences de revalorisations tarifaires des spécialistes visaient, non pas à gagner plus, mais à « travailler moins ».
Gilles Johanet, ancien patron de la CNAM, dont la langue n'est jamais de bois, estime qu' « il n'y a pas de qualité possible des soins sans contraintes ». Il constate que la Sécu a finalement « très peu de pouvoir », plaide pour la vérification périodique du « niveau de compétence » des médecins, mais surtout pour une meilleure organisation des soins entre la ville et l'hôpital et la « circulation des données sanitaires ». « Les radios qui sont refaites à l'hôpital, c'est un gâchis pur », observe-t-il notamment. Claude Evin, ancien ministre de la santé socialiste, a regretté, pour sa part, le cloisonnement de l'organisation interne de l'hôpital et l'extrême rigidité de sa gestion. Il a surtout reproché à Jean-François Mattei de n'avoir pris aucune « mesure de maîtrise de l'évolution des dépenses » et a appelé le gouvernement à « responsabiliser les médecins prescripteurs ».
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