Diabète de type 2 chez l'enfant
IL Y A BIEN longtemps que le diabète de type 2 ne concerne plus que les personnes âgées, mais l'apparition de cas pédiatriques remet en question la définition même du diabète de type 1 et du diabète de type 2.
Par convention, le diabète de type 1 est accompagné d'anticorps anti-îlots pancréatiques.
Classiquement, le diabète de l'enfant est un diabète de type 1, de révélation le plus souvent brutale, avec une acidocétose, un syndrome poly-uropolydipsique et un amaigrissement... Ces classiques sont à revoir car on observe maintenant un état diabétique similaire au diabète de type 2 de l'adulte chez des enfants, tous obèses ou ayant une surcharge pondérale importante.
Néanmoins, chez certains de ces enfants, on trouve également la présence d'anticorps anti-îlots.
Dans les années 1980, 8 % des patients ayant des anticorps positifs diabétiques de type 1 étaient obèses ou en surpoids. Leur proportion est passée à 30 % dans les années 1990, et est probablement encore plus importante aujourd'hui.
Le degré d'obésité est plus important dans certaines populations, en particulier les enfants noirs américains.
Près de 80 % des enfants et adolescents ayant un diabète de type 2 ont des anticorps anti-îlots.
Il semble donc qu'il y ait une pathologie mixte entre diabète de type 1 et de type 2 nécessitant une redéfinition.
Des chiffres comparables dans tous les pays.
Les données épidémiologiques concernant le diabète de type 2 de l'enfant sont récentes et relativement similaires dans pratiquement tous les pays.
Au Japon, l'incidence du diabète de type 2 de l'enfant a été multipliée par dix durant les vingt dernières années chez les enfants des écoles primaires et multipliée par deux durant la même période au lycée. L'augmentation de l'incidence a suivi la même progression que celle de la prévalence de l'obésité et l'évolution de l'alimentation vers une alimentation plus occidentalisée.
A Taïwan, l'incidence du diabète de type 2 chez les enfants âgés de 6 à 18 ans est de 6,5 pour 100 000, ce qui représente quatre fois celle du diabète de type 1. D'après ces études, la présence d'un poids de naissance bas ou, au contraire, élevé est un des facteurs de risque du diabète de type 2. Dans l'étude de Taïwan, les enfants diabétiques de type 2 avaient déjà un facteur de risque cardio-vasculaire avec un taux de cholestérol et de pression artérielle plus élevé.
Aux Etats-Unis, environ 8 % des enfants âgés de 5 à 12 ans ont un état de prédiabète et 0,5 % un diabète de type 2.
En Autriche, l'incidence du diabète de type 2 avant 15 ans est de 0,25 pour 100 000 enfants, avec des résultats sensiblement similaires en France, en Allemagne, en Suède ou au Royaume-Uni.
Les plus forts taux de diabète de type 2 ont été observés dans certaines communautés ethniques notamment en Amérique du Nord, Australie et Nouvelle-Zélande, rejoignant les données observées chez les adultes de ces mêmes populations.
Ainsi, la prévalence du diabète de type 2 au Canada varie entre 0,1 et 3,6 %. Des suivis d'études d'enfants diabétiques de type 2 au Canada mettent en évidence une mortalité de 9 % entre l'âge de 18 et 33 ans, 10 % d'entre eux devenant aveugles, dialysés ou finissent par devoir être amputés.
En Nouvelle-Zélande, chez les adolescents maoris 36 % des nouveaux cas de diabète sont de type 2 allant jusqu'à 55 %.
En Australie, l'incidence annuelle du diabète est de 1 pour 100 000 enfants dans les populations non indigènes et atteint 15 pour 100 000 dans les populations indigènes. Ces enfants ont déjà des complications microvasculaires plus importantes que celles observées dans le diabète de type 1 et des facteurs de risques cardio-vasculaires, telles une élévation de la pression artérielle ou une dyslipidémie.
Les objectifs du traitement du diabète de type 2 chez l'enfant sont, avant tout la perte de poids, la lutte contre la sédentarité, la normalisation de la glycémie et de l'hémoglobine glyquée, le contrôle de l'hypertension et de l'hyperlipidémie, ainsi que la correction de l'hyperandrogénisme.
Les jeunes patients ayant des symptômes et une cétose ou une glycémie supérieure à 2,50 g/l nécessitent de l'insuline et de la metformine. Pour A. Rosenbloom, l'insuline n'est pas indispensable lorsque la glycémie à jeun est comprise entre 0,90 à 1,30 g/l ou si la glycémie post-prandiale est inférieure à 1,80 g/l.
La metformine est actuellement le seul hypoglycémiant oral ayant une AMM chez l'enfant, mais des études ont été réalisées avec la rosiglitazone, le meglitinide et l'association metformine-glyburide.
Dans une étude menée chez 195 patients diabétiques de type 2 avec la rosiglitazone, celle-ci s'avère aussi efficace que la metformine et bien tolérée.
Si le taux d'hémoglobine glyquée est supérieur à 7 % avec des mesures hygiéno-diététiques et le traitement oral, l'insuline peut être ajoutée, tous les schémas étant possibles. Le schéma associant une injection par jour d'insuline glargine et le traitement oral, en particulier avec le méglitinide en préprandial est actuellement testé.
Une des raisons majeures d'échec des traitements est la mauvaise observance.
Dans tous les cas, l'incitation à l'activité physique et la réduction des apports caloriques et lipidiques est indispensable et doit se faire au niveau de la famille. La glycémie n'est pas le seul objectif thérapeutique. Les complications microvasculaires et surtout macrovasculaires sont déjà présentes chez ces jeunes patients et les exposent à un très haut risque ultérieur.
C'est pourquoi, l'excrétion urinaire d'albumine doit être contrôlée régulièrement ainsi que l'examen du fond d'oeil et les lipides.
L'hypertension artérielle doit être traitée pour obtenir des chiffres inférieurs à 120/80 mmHg. Si le taux d'excrétion d'albumine est supérieur à 30 mg/j les inhibiteurs de l'enzyme de conversion doivent être utilisés. De même, le traitement pharmacologique est suggéré après les mesures hygiéno-diététiques, les médicaments sont suggérés si le LDL cholestérol dépasse 130 à 160 mg/dl et les statines sont indiquées si le LDL cholestérol est au-delà de 1,60 g/l.
D'après les communications de Arlane Rosenbloom, Dorothy Becker (Pittsburgh) et J. Shaw (Melbourne), P. Saenger (New York).
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