Transplantation cellulaire

Une efficacité cliniquement validée

Publié le 01/12/2005
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L'étude Repair-AMI a démontré que la transplantation myocardique de cellules médullaires après un infarctus du myocarde améliore la fonction cardiaque. Une importante étape pour l'avenir de cette stratégie thérapeutique de l'insuffisance cardiaque.

LA TRANSPLANTATION cellulaire est un concept élaboré et testé depuis plus d'une dizaine d'années maintenant. Son principe est d'apporter dans la paroi du ventricule gauche des cellules soit d'emblée contractiles, soit à potentialité contractile. Jusqu'ici, aucune étude n'avait permis de prouver, selon les critères méthodologiques valides, l'efficacité de cette technique en clinique. L'étude Repair-AMI (Reinfusion of Enriched Progenitor Cells and Infarct Remodeling in Acute Myocardial Infarction) comble cette lacune et constitue une avancée notable pour l'avenir de cette stratégie thérapeutique.

De multiples options.
La transplantation de cellules à potentialité contractile dans la paroi d'un ventricule gauche défaillant soit par le fait d'une insuffisance cardiaque idiopathique, soit du fait du processus de cicatrisation consécutif à la survenue d'un infarctus du myocarde, est une technique parmi les plus prometteuses dans le traitement de l'insuffisance cardiaque. Elle pourrait en effet permettre de retrouver une fonction contractile correcte. Les cellules transplantées peuvent être des cellules médullaires pluripotentes pouvant adopter un phénotype contractile une fois dans la paroi ventriculaire gauche ou des cellules musculaires périphériques. Elles peuvent être transplantées par voie chirurgicale, lors d'un pontage coronaire, par méthode interventionnelle, par injection intramyocardique ou par voie intracoronaire.
Après les études expérimentales animales, les premières études cliniques ont montré la faisabilité de cette technique et un ensemble d'essais non, ou non correctement, randomisés contre des groupes témoins ont indiqué que la fonction cardiaque pouvait être améliorée avec un risque arythmique modéré.

Une étude correctement randomisée.
La particularité de l'étude Repair-AMI, dont les résultats ont été présentés par Volker Schächinger (Francfort, Allemagne) lors des sessions scientifiques de l'AHA, est d'avoir répondu aux critères méthodologiques satisfaisants pour démontrer un effet clinique s'il y a. Cet essai a en effet été conduit selon une randomisation en double aveugle, permettant d'obtenir un groupe témoin chez lequel une injection de placebo a été effectuée. Tous les patients ont eu une évaluation angiographique à quatre mois.
Les 204 patients inclus l'ont été à la phase aiguë d'un infarctus du myocarde et ont eu un prélèvement de cellules médullaires au niveau de la crête iliaque entre le troisième et le cinquième jour suivant la survenue de l'événement coronaire. L'injection des cellules ou du sérum placebo a eu lieu entre le troisième et le sixième jour suivant l'infarctus.

Des résultats concluants.
Après un suivi moyen de quatre mois, les résultats de l'étude ont montré, comparativement au groupe témoin, une amélioration de la fraction d'éjection ventriculaire gauche significativement supérieure (par rapport à l'état de départ) dans le groupe de patients ayant reçu les cellules médullaires. L'évolution du volume télédiastolique a été identique dans les deux groupes, mais le volume télésystolique a été significativement plus bas dans le groupe ayant reçu les cellules médullaires.
Ce bénéfice a essentiellement été constaté chez les patients ayant la fraction d'éjection ventriculaire gauche initialement la plus basse (inférieure à 49 %) et chez ceux qui ont reçu l'injection le plus tardivement (au moins cinq jours après la survenue de l'infarctus du myocarde).

Sur un critère intermédiaire.
Cette étude est donc importante car elle prouve le bénéfice de la transplantation cellulaire. D'autres études sont en cours pour déterminer si ce résultat est reproductible et quels sont les critères prédictifs d'efficacité. Il reste que ce bénéfice est démontré sur un critère intermédiaire, la fonction cardiaque, et que des études plus importantes, certaines ayant débuté, devront permettre de juger si cette amélioration de la fraction d'éjection permet d'obtenir un bénéfice clinique avec une diminution de la progression de l'insuffisance cardiaque et une diminution de la mortalité.

D'après la communication de Volker Schächinger (Francfort, Allemagne).

> Dr FRANÇOIS DIEVART

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7855