Une équipe de chercheurs de l'INSERM (U592, institut de la vision, hôpital Saint-Antoine, Paris), dirigée par Alvaro Rendon, vient de découvrir le rôle de la dystrophine Dp71 dans le système nerveux central, en particulier au niveau de la rétine. L'absence de cette protéine conduit à une sensibilisation de la rétine aux troubles vasculaires, notamment d'origine ischémique. En conséquence, la transmission des informations visuelles de l'œil au centre cérébral de la vision est perturbée par l'absence de Dp71 en cas d'anomalie génétique.
Dp71 est une des sept protéines codées par le gène DMD dont l'altération est responsable de la dystrophie musculaire de Duchenne. Chez les sujets atteints par cette myopathie, la dégénérescence musculaire progressive est souvent accompagnée de troubles non progressifs du système nerveux. Rendon et coll. ont mis en évidence que ces symptômes étaient dus à l'absence de dystrophine Dp71.
Le rôle de sous-produits du gène DMD dans la neurotransmission rétinienne ayant été suggéré auparavant, Rendon et coll. ont choisi de s'intéresser à l'activité de Dp71 au niveau de la rétine.
La dystrophine Dp71
En collaboration avec des chercheurs israéliens et allemands, les chercheurs ont étudié des souris génétiquement modifiées, dépourvue de Dp71. Chez ces animaux, deux protéines essentielles à l'équilibre du système nerveux central, Kir4.1, un canal potassique, et AQP4, un canal aqueux, sont délocalisées.
En outre, Rendon et coll. ont pu établir chez des souris sauvages que la protéine Dp71 n'est présente que dans les cellules gliales de Müller. Ces cellules sont indispensables au bon fonctionnement des neurones ganglionnaires qui transportent les messages visuels de l'œil au cerveau. En outre, en cas de troubles ischémiques, les cellules de Müller participent au rétablissement de l'équilibre physiologique de la rétine. Par conséquent, si Dp71 est absente, ou non fonctionnelle, les canaux ioniques et aqueux des cellules de Müller seront délocalisés et donc eux-mêmes non fonctionnels : ces cellules ne pourront plus plus remplir leur rôle en cas d'ischémie et des troubles de la vision apparaîtront.
Les éléments apportés par ce travail, en partie financé par l'AFM grâce aux dons du Téléthon, pourraient faciliter la mise au point de nouveaux traitement des ischémies cérébrales ou rétiniennes.
Dalloz et coll., « Human Molecular Genetics », vol. 12, pp.1543-1554
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