> Théâtre
IL EST DANS LA VIE des rencontres. On n'imagine pas qu'un autre que Robin Renucci aurait pu être si bien le partenaire de Mikhaïl Rudy - et inversement - dans cet exercice tellement particulier d'un dialogue entre un musicien et un comédien, un échange à partir d'un texte étonnant et grave que le film de Roman Polanski a contribué largement à faire connaître.
Mais ce n'est pas par ce truchement que Robin Renucci a découvert le roman de Wladyslaw Szpilman, avant même sa publication en France. C'est en étant invité au musée d'Art et d'Histoire du judaïsme qu'il a pu avoir accès à ce texte, et la rencontre avec Mikhaïl Rudy s'est faite ensuite, aux Estivales de Perpignan, qui ont offert au public pour la première fois ce spectacle.
Un dialogue entre une voix et un piano, entre une histoire et des pages de piano, des pages de musique empruntées à Szpilman lui-même, mais beaucoup également à Chopin.
On connaît l'histoire de ce pianiste, Juif mais Polonais d'abord dans son cœur et qui interprète le « Nocturne en ut dièse mineur » de Chopin et que l'on entend sur les ondes de la radio polonaise en septembre 1939. Du ghetto à la déportation, à laquelle il échappe car un policier le fait sortir du rang, littéralement, tandis que sa famille est enfermée dans les sinistres wagons qui les emmènent vers la mort, caché deux ans et demi durant, il est sauvé une fois encore par un officier allemand, Wilm Hosenfeld.
En 1946, Szpilman publia le récit de son histoire. Mais les autorités communistes firent tout pour étouffer le livre et l'auteur tentera d'oublier... ou de se faire oublier.
Et puis tout a surgi à nouveau avec la traduction anglaise, le film. Et puis on revit cette histoire étrange par la grâce de l'acteur et par celle du pianiste. Rien d'un récital. Mais une interrogation sur un destin.
C'est ce qui est très beau dans la sobriété avec laquelle Robin Renucci, qui signe l'adaptation, a choisi de composer. Il faut de l'émotion, évidemment. Il faut de l'élégance. Une distance. Dans le choix des mots comme dans celui des pages musicales, dans le tact de Renucci, dans le doigté subtil de Rudy, nous le recevons pleinement. C'est simple et c'est pur. Sans facilité aucune. Avec une retenue magnifique.
Théâtre de la Pépinière-Opéra, à 21 h du mardi au samedi et le samedi en matinée à 18 h (01.42.61.44.16). La traduction française de Bernard Cohen a été publiée par Robert Laffon. Durée : 1 h 40 sans entracte. Nicolas Stavy sera au piano certains soirs, en alternance avec Mikhaïl Rudy.
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