LE TRACHOME demeure la principale cause de cécité évitable au niveau mondial. Les dernières estimations portent à 84 millions le nombre de personnes présentant une forme en évolution dans les 55 pays où il est endémique. A ce nombre, s'ajoutent 7,6 millions de personnes à un stade conduisant à la cécité.
Le trachome est une kératoconjonctivite causée par des infections à répétition par les sérotypes oculaires A, B, Ba et C de Chlamydia trachomatis, bactérie intracellulaire obligatoire.
Les infections répétées associées à d'autres germes responsables de conjonctivites finissent par causer un entropion, puis une trichiase qui, traumatisant la cornée de manière continue, aboutit en fin de compte à l'opacité cornéaire et à la cécité.
Le trachome a disparu des pays tels que l'Italie ou l'Espagne dans les années 1940 et 1950 sans utiliser d'antibiotiques, par une amélioration de l'hygiène. Néanmoins, même s'il a été l'objet de débats, le rôle des antibiotiques reste important dans les pays d'endémie. Ils s'inscrivent dans la stratégie mise en place par l'OMS visant à l'élimination du trachome vers 2020 : la stratégie Safe, comme « Surgery » (des trichiases), « Antibiotics », « Facial cleaning » (nettoyage du visage et surtout du pourtour des yeux chez les enfants) et « Environment improvement » (propreté de l'eau, élimination des mouches qui se posent sur les yeux...).
La possibilité de donner des antibiothérapies de masse a été considérée comme une avancée. Les résultats présentés par Anthony Solomon et coll. sont importants. Ils montrent qu'un traitement par une prise orale unique d'azithromycine suffit pour réduire à la fois la prévalence et l'intensité de l'infection.
La pratique actuelle consiste à donner un traitement annuel. L'étude a été entreprise pour évaluer les taux de réinfection après une prise. Ce qui a été réalisé à l'aide de la PCR quantitative appliquée aux prélèvements oculaires. L'étude a été menée dans une population de Tanzanie, où le trachome est endémique. A l'inclusion, 956 habitants ont reçu soit une dose unique d'azithromycine (20 mg/kg, sans dépasser 1 g), ou bien un collyre à la tétracycline à 1 %. La fréquence de l'infection a chuté de 9,5 % avant ce traitement de masse, à 2,1 % à 2 mois et à 0,1 % à 24 mois. La charge quantitative oculaire de C. trachomatis est à 2 mois de 13,9 % de celle existant avant le traitement et à 24 mois de 0,8 %. La durée de l'effet de la dose unique est donc montrée.
Comme l'écrit Silvio Mariotti dans un éditorial : « Si ces résultats se confirment, une couverture antibiotique peut être largement dispensée et si elle est suffisante pour réduire la prévalence de l'infection par Chlamydia pendant suffisamment longtemps, cela devrait aboutir à de nouveaux schémas d'intervention pour des communautés similaires, même si les éléments « F » et « E » prennent plus de temps à être mis en place. »
« New England Journal of Medicine », 4 novembre 2004, pp. 1962-1971 et éditorial pp. 2004-2005.
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