CE QU'A VOULU DIRE le ministre, en gros, c'est que les calculs retenus par la Commission européenne dans le cadre des critères de Maastricht ne rendent pas compte de la somme faramineuse de 900 milliards (plus de la moitié du produit national brut annuel) que l'Etat devra bien débourser un jour. Si l'on tient compte de cette somme, l'endettement de la France n'est plus de 66 % du PNB, mais de 120 %. Ce qui signifie que nous devrions travailler quinze mois d'affilée sans toucher un sou de revenu pour éponger cette dette.
Des critères pas si sévères que ça.
Donc, première conclusion : les critères de Maastricht sont moins sévères qu'on ne le dit. Et il y a une bonne raison à cela (deuxième conclusion) : nul ne peut dire combien la retraite des fonctionnaires va coûter. Dès lors qu'on n'a pas constitué une caisse alimentée chaque année par les cotisations de l'employeur, on ignore le montant du capital à mettre au service des paiements des retraites et le montant des versements mensuels ou trimestriels.
Ce qui veut dire que nous n'allons pas courir un jour dans tous les coins pour trouver 900 milliards, mais que le montant annuel des versements devra bien figurer dans nos comptes, par exemple dans le budget au chapitre des dépenses ; et qu'on aura sans doute recours à l'impôt ou à un nouveau prélèvement social.
LE PS ET L'UDF NE PEUVENT PAS NIER LE REFLUX DU CHOMAGE
On peut aussi imaginer qu'on demandera aux caisses de retraite du privé de contibuer au paiement des retraites de fonctionnaires, ce qui réduira d'autant les sommes à répartir entre tous. Ou déclarer en faillite la retraite des fonctionnaires ; ou mieux encore, annoncer la faillite de toutes les caisses de retraite.
Tout cela parce que, pendant des années, l'Etat a remplacé les cotisations en espèces sonnantes et trébuchantes par des « engagements ». C'était très commode, mais c'était parfaitement irresponsable.
M. Breton, qui est trop jeune pour être mis en cause personnellement, hérite donc d'un passif dû à ses prédécesseurs. Certes, il s'en sert pour justifier sa politique économique : vente d'une partie du patrimoine de l'Etat pour réduire un tant soit peu la dette ; réduction drastique des dépenses budgétaires pour ne pas accroître la dette ; créations d'emplois à marche forcée pour alimenter une croissance qui permettra de dégager des recettes.
L'emploi va mieux depuis avril.
Cela tombe sous le sens, mais on est en droit de se demander combien d'années de cette politique seront nécessaires pour entamer la dette. Et à se demander si, en tenant compte des besoins de la population, on peut durablement faire l'impasse sur certaines dépenses sociales. M. Breton se contente de se situer sur ce qu'on pourrait appeler la bonne voie ; et il est encouragé par la réduction du taux de chômage qui ne s'est pas démentie depuis le mois d'avril, alors que la croissance, qui sera supérieure aux prévisions, laisse tout de même à désirer.
Bien entendu, que l'analyse et les espoirs du ministre ne trouvent grâce ni dans l'opposition ni à l'UDF ne surprendra personne. Sauf que, cette fois, les socialistes et les amis de François Bayrou poussent le bouchon un peu loin : pour les uns, le chômage a baissé grâce aux emplois jeunes, supprimés par le gouvernement Raffarin, puis réinstitués par le gouvernement Villepin ; pour les autres, l'annonce du taux n'est qu'affaire de communication.
On veut bien que des chômeurs abusifs ou d'une paresse extrême aient été rayés des listes ; que les emplois jeunes d'aujourd'hui soient tout aussi artificiels que ceux créés par le gouvernement Jospin ; que les pouvoirs publics se livrent à des artifices comptables dans certains cas. Mais personne ne peut nier que la tendance au reflux du chômage se confirme chaque mois et qu'elle doit donc être prise au sérieux.
Il se peut que le gouvernement n'y soit pour rien, qu'un reflux démographique, provisoire ou durable, explique la diminution des demandeurs d'emplois. Il demeure que pour la santé politique de ce pays, l'opposition, y compris l'opposition de droite, devrait admettre que le chômage recule.
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