Les théories concernant la physiopathologie du TDAH sont abondantes, mais la nature et la cause de ce trouble demeurent mal comprises. La plupart des chercheurs présument que les bases neurologiques consistent en des anomalies fonctionnelles au niveau des circuits fronto-striataux.
Les résultats d'études par imagerie fonctionnelle chez des enfants qui ont un TDAH ont montré de subtiles réductions (de 3 à 5 %) du volume cérébral et cérébelleux total, ainsi que du lobe frontal droit et du noyau caudé (régions sous-corticales). Différentes méthodes volumétriques, à la fois conventionnelles et faisant appel à la représentation par voxel, ont été utilisées. Mais, jusqu'alors, des anomalies régionales de taille ou touchant la matière grise n'avaient pas été constatées globalement, lorsqu'on prenait en compte la totalité de la surface corticale.
C'est ce à quoi s'est attachée une équipe de Los Angeles.
Cartographie de la surface corticale
Elizabeth Sowell et coll. se sont servis de l'IRM à haute résolution et d'une technique sophistiquée d'analyse numérique de l'image pour faire une cartographie plus précise des anomalies de la surface corticale. L'étude a été réalisée sur un groupe de 27 enfants et adolescents souffrant d'un TDAH et chez 64 personnes contrôles, appariées pour l'âge et le sexe.
Les résultats montrent des anomalies morphologiques au niveau du cortex frontal des patients TDAH. Des deux côtés, les parties inférieures du cortex dorso-préfrontal apparaissent de taille réduite. Une diminution de la taille du cerveau est également observée bilatéralement dans la région antérieure du cortex temporal. Cependant qu'une augmentation de la quantité de matière grise est enregistrée dans la majeure partie du cortex au niveau temporal postérieur de même qu'au niveau pariétal inférieur.
Pour les auteurs : « Nos méthodes morphométriques offrent une précision plus grande que ce qui était atteint jusque-là... Nos résultats suggèrent que les anomalies du cortex préfrontal semblent localisées à des régions situées plus bas que les descriptions antérieures. Et aussi que les anomalies sont bilatérales. »
Les cortex des régions dorso-préfrontale, temporale et pariétale sont les lieux où l'information provenant des systèmes sensoriels inférieurs est intégrée en ordres et perceptions supérieurs. « Ces régions activées ensemble sont censées former un système intégrant à la fois l'action et l'attention et qui accomplit des fonctions telles que le maintien de l'attention focalisée et un contrôle réussi des impulsions non désirées. »
Ce qui veut dire que les régions contrôlant l'attention sont impliquées dans le TDAH (ce qui était montré), mais aussi celles qui organisent le contrôle de l'impulsion (ce qui est nouveau). L'imagerie retrouve l'observation clinique. Chez ces enfants, l'impulsivité non contrôlée est souvent le symptôme le plus pénalisant sur le plan clinique. Ces découvertes peuvent aider à comprendre les sites d'action des médicaments utilisés pour traiter le TDAH et, en particulier, les médicaments stimulants.
Et elles peuvent aussi « aider à développer de nouveaux agents thérapeutiques en s'appuyant sur ce que nous connaissons de la neurobiologie des régions cérébrales où les anomalies les plus importantes ont été décelées ».
« The Lancet », vol. 362, 22 novembre 2003, pp. 1699-1707.
Caractéristiques du TDAH
Le trouble déficit de l'attention-hyperactivité (TDAH) atteint entre 3 et 5 % des enfants d'âge scolaire. Il est caractérisé par des difficultés d'attention, une hyperactivité motrice et une impulsivité qui interfèrent avec un fonctionnement normal dans de multiples activités : à l'école, pendant les jeux, pour effectuer des consignes, sans que cela soit dû à un comportement d'opposition ou à une incapacité à comprendre les consignes. L'enfant a du mal à organiser ses activités, fait à contrecoeur un effort mental soutenu, a des oublis fréquents (perd ses objets) et se laisse facilement distraire. C'est un enfant remuant, qui a du mal à rester assis en classe ou à se tenir tranquille. Normalement, il faut que les symptômes aient été présents avant l'âge de 7 ans, mais, dans beaucoup de cas, le diagnostic n'est porté que plusieurs années après leur apparition.
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