Lymphopénie avec déplétion en lymphocytes T CD4 et CD8, neutrophilie, thrombocytopénie, allongement du temps de céphaline activé : telles sont les principales manifestations hématologiques observées dans le SRAS, selon un travail réalisé par une équipe de Hong Kong.
Ce travail a porté sur 157 patients (64 hommes, 93 femmes) de 20 à 83 ans, hospitalisés pour un SRAS entre le 11 et le 29 mars 2003.
Le suivi a duré en moyenne 26 jours (4 à 38). Tous les patients ont reçu, de façon empirique, une antibiothérapie à large spectre, de la ribavirine et une corticothérapie.
Une leucopénie transitoire (< 4 000/mm3) a été observée chez 64 % des patients la première semaine. Puis, essentiellement dans les deuxième et troisième semaines, 61 % ont développé une leucocytose (> 11 000/mm3).
Si 4 (2,5 %) ont développé une neutropénie transitoire (< 500/mm3) pendant un ou deux jours, on a observé une neutrophilie (> 7 500/mm3) chez 82 % des sujets. Elle était associée à une infection bactérienne, documentée par les cultures.
Une lymphopénie (< 1000/mm3) a été observée chez 98 % des patients ; le plus souvent absente au début, elle est apparue progressivement, pour atteindre un maximum au cours de la deuxième semaine. En général, une remontée s'est produite à la troisième semaine, mais 30 % des sujets testés sont restés lymphopéniques à la 5e semaine.
L'analyse des sous-types lymphocytaires a été effectuée chez 31 patients. La plupart des patients avaient un déficit en CD4 et CD8 dès la phase précoce, avec un creux entre J5 et J14, puis récupération progressive. A noter que cinq patients ont eu, au contraire, une ascension initiale des CD4 et CD8 pendant la première semaine, suivie d'une chute. Le rapport CD4/CD8 est resté dans les limites de la normale.
Thrombocytopénie
Quant aux lymphocytes B, leur taux moyen était normal et est resté stable.
Pour ce qui est des plaquettes, 55 % ont développé une thrombocytopénie (< 140 000/mm3), le plus souvent modérée (mais 3 ont eu des valeurs inférieures à 550 000/mm3). Cette thrombopénie apparaissait après une phase initiale normale, le creux étant atteint à la fin de la première semaine. A la quatrième semaine, tout était rentré dans l'ordre. Aucun patient n'a eu de complication hémorragique.
Une thrombocytose réactionnelle (> 400 000/mm3) est survenue chez 49 % des patients ; une patiente a même atteint le chiffre de 1 000 000 (mais sans signe de thromboembolie).
L'hémoglobine, à l'entrée, était normale. Après deux semaines de traitement par ribavirine, elle a chuté de 2 g/dl chez 61 % (95) des patients et de plus de 3 g/dl chez 28 %, cela avec signes d'hémolyse chez 57 patients sur 95. Les valeurs se sont normalisées à l'arrêt du traitement.
Enfin, pour ce qui est de la coagulation, 63 % avaient un temps de céphaline activé allongé (> 40 secondes), principalement pendant les deux premières semaines. Il pourrait s'agir soit d'un mécanisme auto-immun, soit d'une action directe du virus sur les mégacaryocytes ou les plaquettes. A la semaine 4, tout était rentré dans l'ordre.
« BMJ » du 21 juin 2003, pp. 1358-1362.
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