ÉLABORÉE par la commission des comptes de la Santé, qui s’est réunie hier au ministère, l’édition 2009 de la dépense de soins par habitants est arrivée. Sans grosse surprise, ces comptes nationaux font apparaître une dépense courante de santé en hausse (+ 4 % par rapport à 2008), atteignant un total de 223,1 milliards d’euros parmi lesquels 175,7 milliards concernent la seule consommation de soins et biens médicaux (soins hospitaliers et ambulatoires, transports de malades, médicaments et autres bien médicaux). Cette dépense précise, qui correspond à 2 724 euros par habitant, est en hausse de 3,3 %, par rapport à 2008, ce qui confirme un ralentissement de sa progression déjà constaté lors de l’exercice précédent.
Ironie de la crise économique, la commission des comptes de la Santé remarque que le poids dans le PIB des dépenses de soins et de biens médicaux, lui, augmente, passant de 8,7 % en 2008 à 9,2 % en 2009. Mais plus que l’envolée de la dépenses, c’est... la décroissance du PIB qui est en cause. Ce qui fait dire aux experts que « le maintien des dépenses de santé à un niveau élevé contribue, durant les phases de ralentissement économique, à stabiliser l’économie par le soutien de la demande qu’il constitue ». Un effet qui équivaut « à une mesure de relance », juge même la commission.
Reste à charge, démographie médicale : des constats iconoclastes.
En matière de structure de financement de la dépense de soins, la Sécurité sociale reste loin devant en 2009, prenant en charge 75,5 % de l’addition ; elle est suivie par les complémentaires (13,8 %), les ménages (9,4 %) et l’État – via, notamment, la CMU-C – (1,3 %). À contre-courant des discours sur le sujet, les comptes nationaux de la santé considèrent que « grâce à une bonne complémentarité entre les financeurs, la part des dépenses restant à la charge des ménages est relativement faible » ; ils constatent aussi que cette part (9,6 % en 1995, 9 % en 2000, 8,4 % en 2005 et donc 9,4 % en 2009) progresse peu au fil du temps. Dans le détail toutefois, si les experts insistent sur deux points : « la part des dépenses prises en charge par la Sécurité sociale est plus élevée pour les ménages les plus modestes » et « le reste à charge moyen des ménages augmente avec le niveau de vie », ils conviennent aussi de ce que « le taux d’effort des ménages est d’autant plus élevé que leur niveau de vie est faible ».
La commission des comptes crée également la surprise sur un terrain où on ne l’attendait pas : celui de la démographie des généralistes. « À l’échelle des bassins de vie ou " cantons-ou-villes ", écrit-elle, les médecins et les pharmacies sont mieux distribués sur le territoire que la plupart des services et équipements saniataires ou non sanitaires. » Sans nier qu’existent localement des problèmes d’accès géographiques à des professionnels des soins de proximité, la commission estime que « ce phénomène est globalement limité » et qu’il l’est encore plus pour les généralistes que pour d’autres.
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