La santé en librairie
INTERNET est une solution avant d’être un problème, écrivent les auteurs. Solution pour une meilleure information ou moyen de communication, comme peuvent l’être le téléphone, la télévision ou les livres, remède à l’ennui et à la solitude, qui peuvent rester bénéfiques si ses usagers ne se laissent pas prendre au piège. Les Drs Hautefeuille et Véléa analysent les particularités des victimes potentielles, celles des pathologies de l’excès en général, et montrent aussi en quoi la cyberdépendance est une dépendance socialement acceptée, donc peu combattue.
Les auteurs envisagent pour commencer ce qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui les toxicomanies sans drogue, du sexe aux achats compulsifs en passant par les troubles alimentaires, bien sûr, pour expliquer comment survient la dépendance, comment elle se manifeste, qui sont les candidats préférentiels à ces addictions et en quoi Internet se situe au carrefour de ces toxicomanies. Par la multiplicité des ressources qu’il propose, Internet peut-être à la fois l’addiction elle-même (cyberdépendance), disent-ils, ou le moyen de réalisation d’addictions communes (addictions cyberassistées).
Cette large capacité de nuisance bien intégrée, le lecteur poursuivra par l’analyse de la cyberdépendance à travers les jeux de rôle, les chats, les jeux vidéos, les blogs, l’infolisme (quête effrénée d’informations), avant de découvrir la variété et les risques des addictions cyberassistées, autrement dit des comportements de dépendance liés aux possibilités offertes par Internet, qu’il s’agisse de sexe, de jeux vidéo avec les conduites extrêmes des nolife, personnes totalement désocialisées par leur pratique quasi exclusive de la communication virtuelle ou celles des nerd nord-américains, rivés en permanence à leur écran pour chercher de l’information sur un monde dont ils s’excluent de fait.
Amortisseur social.
Fixés à leur ordinateur, les accro-internautes trompent à merveille l’ennui sous toutes ses formes, ennui qui est probablement « le pire ennemi de la paix sociale », écrivent Michel Hautefeuille et Dan Véléa. Internet est donc un amortisseur social d’autant plus idéal qu’il allie l’illusion de liberté et de maîtrise à celle de l’expression. Pourtant, avec la prolifération des pages personnelles, le bloggeur a finalement très peu de lecteurs ! Que vaut cette liberté d’expression sans auditoire, se demandent les auteurs ? Il vaut toutes les polices du monde, semblent-ils affirmer, Internet réaliserait une parfaite fusion entre les recommandations d’un régime autoritaire et celles d’un régime démocratique, le premier disant au citoyen « Tais-toi » et le second « Cause toujours ». Plus il y a d’utilisateurs, plus il y a d’utilisations pathologiques d’Internet, ce qui n’enlève pas pour autant à cet outil ses qualités, rappellent les auteurs au fil de leur ouvrage. Il importe donc de mieux connaître les personnes fragiles, et dont la fragilité est exploitée par cet outil, de façon à les aider voire à les soigner.
Dr Michel Hautefeuille, Dr Dan Véléa, « les Addictions à Internet - De l’ennui à la dépendance », Payot, 195 pages, 18 euros.
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