Au moment de la naissance, il n'existe chez l'homme que deux lignées cellulaires dépourvues de noyaux : les érythrocytes et les cellules du cristallin. Au cours de la différenciation cellulaire, les structures nucléaires de ces deux types de cellules sont détruites par un processus enzymatique. Afin de préciser les enzymes responsables de ces réactions, des chercheurs japonais ont recherché par PCR les différents DNases présentes au cours des processus de différenciation embryonnaire chez la souris.
De cette façon, ils ont identifié trois variétés principales : la DNase II, la CAD (ou caspase-activated DNase) et la DLAD (DNase II-like acid DNase aussi appelée DNase II bêta). Si la première de ces enzyme semble plutôt active au sein de la lignée cellulaire érythrocytaire, la deuxième jouerait un rôle dans l'apoptose cellulaire prénatale. L'équipe du Dr S. Nishimoto a découvert que c'est la DLAD qui permet la lyse nucléaire au sein des cellules du cristallin.
Partant de cette observation, l'équipe a créé des souris mutantes DLAD -/+ et DLAD -/-, afin de préciser le rôle de l'enzyme in vivo sur la formation du cristallin et sur ses éventuelles anomalies - la plus fréquente étant la cataracte, innée ou acquise.
Persistance de matériel nucléaire
L'analyse des cristallins adultes des souris DLAD -/- montre que les cellules ne contiennent ni réticulum endoplasmique ni mitochondries - signe de leur différenciation partielle -, mais qu'elles restent dotées d'un matériel nucléaire semblable à de l'ADN condensé. Ce matériel n'est pas délimité par une structure membranaire, ce qui signifie que les enzymes chargées de la destruction des membranes nucléaires ont fait leur office.
Les chercheurs ont effectué une analyse directe de trois régions distinctes du cristallin et ils ont retrouvé dans chacune de ces entités la présence d'ADN en quantité plus ou moins importante.
L'examen ophtalmologique par électrorétinogramme a confirmé la présence d'une cataracte congénitale chez les animaux DLAD -/-, alors que, au moment de leur naissance, les souris hétérozygotes ne présentaient pas de problèmes de réfraction. Ce n'est qu'en vieillissant que ces animaux sont atteints de troubles de la vision.
Pour les auteurs, « le développement de ces souris transgéniques apparaît comme un modèle animal fiable de cataracte ». Ils ajoutent que « certaines des cataractes congénitales humaines pourraient être en rapport avec des mutations du gène de la DLAD, puisque l'analyse par PCR confirme la présence de cette enzyme dans les cellules cristallines prénatales ».
« Nature », vol. 424, pp. 1071-1074, 28 août 2003.
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