LE CAPITAINE JOHN SMITH (Colin Farrell) a existé. Soldat aguerri, il fut l’un des fondateurs de la colonie anglaise de Jamestown, en Virginie, en 1607. Pocahontas, la fille du grand chef indien algonquin Powhatan, a aussi existé et si le film ne prononce pas son nom, il s’inspire de plusieurs épisodes connus de sa vie. Terrence Malick, qui pensait au sujet depuis les années 1970, a repris des éléments de l’existence et de la légende de John Smith et Pocahontas. A travers l’histoire d’amour du capitaine et de la jeune Indienne, il s’intéresse à la confrontation de deux cultures, en en privilégiant l’aspect humain. Aucun personnage ne se comporte comme un stéréotype et l’on est loin de l’image indifférenciée des Indiens donnée par des décennies de cinéma américain.
Le réalisateur de « la Ligne rouge » s’est fondé sur des recherches historiques très approfondies pour reconstituer les décors, sur les lieux mêmes où les Anglais ont débarqué en 1607. Les dialectes, les costumes, les armes, tout a été recréé avec précision et la grande majorité du tournage s’est faite en lumière naturelle.
Mais le génie de Malick est de le faire oublier dès le premier plan, quand les navires surgissent dans le brouillard. Jamais les dialogues ne sont alourdis pour expliquer tel ou tel épisode. Ce sont les images qui parlent, et quelles images ! Au-delà de la beauté des paysages et de la présence des acteurs (Colin Farrell, Q’Orianka Kilcher, 15 ans, Christian Bale...), Malick trouve des angles de vision, des chorégraphies de groupe souvent aussi surprenants que poétiques.
A l’heure du zapping, on peut trouver lent le rythme du film, être frustré par l’absence apparente de psychologie, mais on devrait se laisser emporter. De même aurait-on tort de reprocher au cinéaste une vision idyllique de ce « nouveau monde » avant que les Européens n’y débarquent. Il ne veut rien démontrer, seulement inciter à réfléchir à une approche sans préjugé de l’affrontement des cultures. C’est une belle leçon et un grand moment de cinéma.
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