UNE ÉQUIPE LONDONIENNE montre que certaines anomalies moléculaires survenant au niveau de la muqueuse colique peuvent être observables plus d'une décennie avant que le processus de cancérisation colique ne soit devenu patent. Ce qui pourrait se traduire par des possibilités de dépistage précoce et ouvrirait de nouvelles voies pour la recherche thérapeutique, si ces découvertes préliminaires se confirmaient.
Sous la direction du Pr Janusz Jankowski (Londres), les chercheurs ont examiné les cadhérines-P, car ils avaient trouvé antérieurement que cette molécule est exprimée au niveau de la membrane muqueuse du grêle et du côlon en cas d'inflammation. Les chercheurs voulaient mieux connaître les processus qui contrôlent son expression. La famille des cadhérines (ou CDH ou uvomorulines) constitue une classe de glycoprotéines qui s'expriment à la surface cellulaire ; elles jouent un rôle important dans l'adhésion cellulaire en assurant la liaison intercellulaire au sein des tissus. Le fonctionnement des cadhérines dépend des ions calcium (Ca2+), d'où leur nom.
La cadhérine-P est exprimée dans les cellules placentaires. Le gène de la cadhérine-P, important dans les phases précoces du développement, est réprimé dans l'organisme adulte, y compris au niveau du côlon.
Amas de cellules intestinales muqueuses inflammatoires.
Or, dans les cellules muqueuses inflammatoires, la répression du gène de la cadhérine-T est partiellement levée, y compris dans les cellules souches. Ce qui entraîne la formation de sortes d'amas de cellules intestinales muqueuses inflammatoires, qui se répandent.
Ces anomalies des cadhérines-T sont présentes longtemps avant que le processus de carcinogénèse ne devienne visible sous le microscope et ne se propage dans le côlon. Telles sont les découvertes les plus récentes de l'équipe.
Janusz Jankowski et coll. trouvent, entre dix et quinze ans avant que le cancer ne se développe, des anomalies moléculaires qu'ils décrivent. Ils décryptent pour une part les mécanismes qui remettent le gène de la cadhérine-T en activité. Et sur un modèle cellulaire, ils expliquent qu'elles ont une probabilité beaucoup plus grande de survenir dans un intestin inflammatoire qu'en dehors de toute inflammation. Le Pr Jankowski espère que ses découvertes permettront aussi de proposer un traitement préventif, et il évoque la possibilité d'un effet par une modification du mode de vie.
« Cancer Research », mercredi 1er octobre 2008.
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