DE CHARLIE KAUFMAN, le scénariste déjanté de « Dans la peau de John Malkovich » et « Eternal Sunshine of the Spotless Mind », on était en droit d'attendre beaucoup. «Synecdoche, New York» est une déception, non par manque d'idées mais par trop plein.
Au départ, Kaufman devait écrire un film d'horreur pour Spike Jonze. Puis les idées ne cessant de se multiplier, le scénario a évolué pour n'avoir plus grand chose à voir avec le concept original. Et le scénariste a décidé de passer lui-même à la réalisation. Le personnage principal de « Synecdoche » (figure de rhétorique consistant à prendre la partie pour le tout ou le tout pour la partie, comprenne qui pourra), un metteur en scène de théâtre sans gloire, a bien des angoisses qui peuvent être celles du réalisateur. Sa femme le quitte et il ne se sent pas très bien. Bénéficiant d'une bourse prestigieuse, il entreprend de monter, dans un grand entrepôt new yorkais, un spectacle qui ne cessera jamais d'être en construction.
La première demi-heure est plutôt drôle et le grand comédien qu'est Philip Seymour Hoffman peut faire avaler beaucoup de choses au spectateur. Ensuite, cela se gâte, avec l'apparition de divers avatars du héros et des femmes de sa vie. Au final, on ne sait plus qui est qui, de l'acteur qui joue l'acteur qui personnifie l'acteur qui interprète le metteur en scène ou quelques femmes de sa vie (Samantha Morton, Michelle Williams, Catherine Keener, Emily Watson, Dianne Wiest). Cela devient même franchement lourd et inutile.
La boursouflure de l'imagination avait déjà gâté « Adaptation », tourné par Spike Jonze. Il faut sans doute à Kaufman un metteur en scène qui puisse cadrer son indéniable talent.
Un portrait à charge.
Paolo Sorrentino est un cinéaste à la fois engagé et baroque, comme l'avait montré notamment « l'Ami de la famille ». Avec « Il Divo», il s'est lancé dans une entreprise très ambitieuse et selon lui indispensable : évoquer l'homme politique le plus important que l'Italie ait connu ces cinquante dernières années, leader de la Démocratie chrétienne, sept fois président du conseil, qualifié par certains de marionnette du Vatican, accusé de liens avec la Mafia et représentatif d'une Italie corrompue.
Le réalisateur fait un portrait à charge, évoquant les principaux événements et les nombreux morts qui ont marqué le pouvoir d'Andreotti, même s'il n'en était pas directement responsable. Pour les non-familiers de l'histoire italienne, c'est un peu difficile à suivre, malgré les nombreux sous-titres explicatifs. Mais le style, à la limite du burlesque, du réalisateur, nous entraîne dans sa sarabande souvent drôle.
Et surtout, « Il Divo » offre un grand numéro d'acteur, dans la caricature, celui de Toni Servillo, qui figure également dans un autre film en compétition à Cannes, « Gomorra ». Il compose un personnage quasi surnaturel (d'où le titre, le divin), servi il est vrai par les répliques authentiques d'Andreotti, à l'humour décalé.
On attend, en France, un film de ce genre, sur nos hommes politiques. Impossible ?
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