LE « BINGE DRINKING », cette consommation excessive d'alcool en peu de temps, revient de plus en plus souvent dans les colonnes de la presse médicale. Une des explications en est sa montée en puissance dans la population féminine, notamment britannique. C'est pourquoi des médecins d'Oxford (Jane Henderson et coll.) se sont intéressés aux répercussion de ces « cuites » chez les femmes enceintes.
Parce que plutôt rassurantes, leurs conclusions sont entourées de messages de précaution. En effet, à partir de l'analyse systématique de 3 630 études, dont 14 portant vraiment sur ce thème, les médecins anglais concluent que quelques cuites au cours de la grossesse sont sans répercussion sur le foetus, sauf peut-être au plan du développement neurologique. Il s'agit de : comportements désinhibés, diminution du QI verbal, majoration de la délinquance, difficultés d'apprentissage. Cependant, en l'absence d'études réellement dédiées à cet objectif, d'une grande rigueur méthodologique, «il serait judicieux de recommander aux femmes d'éviter le “binge drinking” pendant la grossesse. Mais, d'un point de vue clinique, quand une femme enceinte en relate des épisodes isolés, en l'absence d'apports quotidiens d'alcool élevés, comme c'est souvent le cas, il est important d'éviter de créer une anxiété inutile, puisque, à l'heure actuelle, les preuves de risque semblent minimales», insistent-ils.
L'analyse a porté sur des travaux publiés entre 1970 et 2005. Les conséquences délétères des épisodes d'alcoolisation aiguë recherchées ont été : fausses-couches, mort-nés, retards de croissance intra-utérin, prématurité, poids de naissance, taille pour l'âge gestationnel à la naissance, malformations incluant le syndrome d'alcoolisme foetal et les troubles du développement neurologique.
Sensibilité du foetus aux pics d'alcoolémie.
Outre l'incidence croissante de l'alcoolisation féminine au cours des vingt dernières années, les auteurs cherchaient à contrôler des données, tant animales qu'humaines. Il avait été suggéré une plus grande sensibilité du foetus aux pics d'alcoolémie qu'aux mêmes quantités d'alcool réparties dans le temps. En outre, ils voulaient s'assurer de ce qui se passe lorsque la femme « prend une cuite » alors qu'elle ne se sait pas encore enceinte.
Les auteurs achèvent leur travail sur le besoin d'études prospectives spécifiquement dédiées au « binge drinking », notamment chez des femmes ayant une consommation faible à modérée. Elles devraient notamment différencier les périodes de la grossesse concernées. Il faudrait enfin effecteur un suivi sur le long terme des enfants, fondé sur des hypothèses neuropsychologiques préétablies.
« J Epidemiol Community Health » 2007 ; 61 : 1069-1073.
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