INSPIREE en raccourci du mythe grec de Médée et de l'épisode de l'infanticide, ce « Songe de Médée » présente une version tronquée de la légende, réduisant la cause de son meurtre à l'infidélité de Jason avec Créüse, fille de Créon, la banalisant de fait. Tout débute comme dans un rêve : l'épisode de Médée bonne mère est distingué et charmant, utilisant un vocabulaire raffiné, quasi classique, puis de développement en développement, non sans quelques longueurs, arrive le cauchemar. On a du mal à croire à cette fin grand guignolesque.
Les interprètes Marie-Agnès Gillot, sculpturale Médée, Wilfried Romoli, Jason à la veule duplicité et Eleonora Abbagnato, Créüse, ainsi que les deux enfants, sont superlatifs, les costumes de Gilles Rosier et les décors de Thierry Proust magnifiques. La musique de Maura Lanza, jouée par l'Ensemble Court-Circuit, belle au début avec ses tintements de clochettes et ses percussions raffinées, vire lors de l'épisode dramatique plus à l'agitation qu'au dramatisme.
On reste cependant un peu à distance de la narration. On a connu Preljocaj plus inspiré. Comme dans MC 14/22 « Ceci est mon corps » créé à par le Ballet Preljocaj à la Maison des Arts de Créteil en 2001, qui constitue le second volet de cette soirée et que le Ballet de l'Opéra de Paris fait entrer à son répertoire. Véritable ode aux danseurs masculins, cette pièce pour douze danseurs dont un danseur-chanteur (le bouleversant Sylvain Groud), possède une force érotique, une violence même, soulève des questions, donne à penser avec son imagerie catholique pendant presque une heure. La création sonore de Tedd Zahal est du genre électroacoustique mais non agressive, les éclairages de Patrick Riou admirables et les onze danseurs du corps de ballet se sont appropriés cette œuvre peu représentée avec une virtuosité exceptionnelle.
Opéra-Garnier (08.92.89.90.90). Prochain spectacle : Brown/Forsythe/Lancelot du 17 au 31 décembre. Prix des places : de 6 à 63 euros.
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