LA NEUROPATHIE optique héréditaire de Leber (NOHL) touche environ 1 personne sur 25 000. En France, on compte de 5 000 à 10 000 personnes atteintes par cette affection visuelle très handicapante, dont les premières manifestations peuvent survenir à des âges variables. Cela peut être à l'adolescence, vers 14-15 ans, ou à 40 ans, voire à 60. Les sujets sont atteints de manière très brutale d'un côté par une perte de la vision centrale et de la vision des couleurs. Le déficit s'aggrave et touche le deuxième oeil au bout de quelques semaines ou mois. La NOHL est une maladie due à une mutation de l'ADN mitochondrial et, de ce fait, est transmise de manière non mendélienne par les femmes. Mais les garçons sont plus souvent atteints que les filles : de 15 à 20 % des filles porteuses manifestent la maladie – contre 50 % des garçons atteints par le déficit génétique.
Le gène identifié et cloné.
Il n'existe pas de traitement. Des analogues de la chaîne respiratoire ont été essayés sans résultat. Un espoir est mis dans la thérapie génique, car le gène causal a été identifié et cloné. C'est la voie sur laquelle travaille l'équipe de Marisol Corral-Debrinski, au sein de l'Institut de la vision. L'équipe a créé un modèle animal adapté pour tester et valider une thérapie génique de la NOHL. Elle publie son travail dans le numéro de septembre de l'« American Journal of Human Genetics ». Les gènes ND1 et ND4 mitochondriaux sont mutés dans quasiment tous les cas de NOHL. En utilisant un « adénovirus associé », qui est un vecteur viral classiquement utilisé dans les thérapies géniques, en recherche comme chez les humains, les chercheurs ont introduit le gène ND4 humain muté chez des rats en intraoculaire, ce qui a entraîné une dégénérescence des cellules du ganglion de la rétine et une diminution des performances visuelles.
Le modèle animal ainsi créé a été utilisé pour poursuivre le travail vers les applications cliniques.
Sur un groupe de rats, avant que les manifestations de maladie n'apparaissent, les chercheurs ont réintroduit le gène normal en utilisant le même vecteur viral, ce qui a eu pour effet de prévenir les anomalies des cellules du ganglion rétinien, ainsi que les pertes visuelles.
Ces données constituent une « preuve de principe » et indiquent que la stratégie peut être envisagée chez les humains, a expliqué au « Quotidien » le Dr Corral-Debrinski.
Prochaine étape chez des singes.
La prochaine étape sur la voie qui doit conduire aux essais cliniques de prévention de la perte de vision chez des patients porteurs d'une NOHL va consister à réaliser un essai chez des animaux de plus grande taille, pour tester la sécurité à long terme de cette approche. Ce travail sera mené chez des singes pour être sûr qu'il n'y a pas de toxicité du vecteur viral. Une demande sera ensuite déposée au comité d'éthique.
Voir le site ouvrirlesyeux.free.fr, créé par une association de patients.
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