Quelques chiffres permettent de prendre la mesure du problème posé par les infections à papillomavirus : au moins une femme sexuellement active sur deux a été exposée à ces virus au cours de sa vie, entre 10 et 15 % sont porteuses du virus après l'âge de 30 ans. Le risque de cancer du col pour une femme exposée aux papillomavirus est évalué à 5 %. Les travaux fondamentaux et cliniques ont confirmé le rôle clé des papillomavirus dans la genèse des cancers du col de l'utérus. De 95 à 100 % des lésions précancéreuses et cancéreuses du col sont associées aux HPV à risque. Le cancer du col fait encore de nombreuses victimes, même si, en France, le dépistage a permis de réduire de façon significative l'incidence annuelle ; celle-ci est passée de 18 pour cent mille il y a une trentaine d'années à 10 pour cent mille aujourd'hui.
Dépistage : des efforts dans trois directions
Des progrès sont encore possibles. En effet, on sait que 40 à 50 % des femmes ménopausées échappent au dépistage, que la qualité et l'interprétation des frottis sont d'inégale qualité, que le suivi et la prise en charge des patientes présentant un frottis anormal ne sont pas toujours performants... Il faut poursuivre les efforts dans trois directions majeures : augmenter la couverture du dépistage, en particulier après la ménopause et dans les milieux défavorisés, améliorer la sensibilité des tests de dépistage et rationaliser la prise en charge des femmes ayant un frottis anormal. Une meilleure organisation du dépistage permettant la plus large couverture avec un test sensible à un rythme régulier, l'évaluation des pratiques médicales et l'observance des recommandations validées sont des objectifs réalistes. La réunion internationale sera donc l'occasion de préciser les évolutions nécessaires pour améliorer le dépistage et la prévention des infections et des lésions associées aux HPV. Les experts souligneront l'intérêt clinique et économique des tests HPV pour la prise en charge des femmes présentant des frottis anormaux avec atypies mineures ou mal définies et les perspectives d'optimisation du dépistage primaire par le couplage du frottis et du test HPV.
Les nouvelles technologies
Le congrès permettra également de faire le point sur les nouvelles technologies, notamment les tests de diagnostic moléculaire aussi sensibles que spécifiques, les frottis en suspension liquide et leur automatisation, les méthodes de dépistage en temps réel, la colposcopie assistée par ordinateur et l'apport d'Internet dans la pratique médicale. Une place prépondérante est réservée cette année aux premiers résultats sur l'efficacité des vaccins HPV et HSV. « D'ores et déjà, nous nous préparons pour l'ère vaccinale, pour ce que sera la pratique clinique de demain : un dépistage cytomoléculaire ciblé et performant à un rythme espacé, et destiné à une population potentiellement immunisée et protégée par un vaccin prophylactique pour les HPV à risque les plus fréquents (HPV 16-18) qui serait proposé aux jeunes adolescentes », explique le Dr Monsonego.
D'après un entretien avec le Dr Joseph Monsonego (Paris).
* Paris, Cité des sciences et de l'industrie, du 13 au 16 avril 2003.
Tél. 01.46.99.69.69.
E-mail : Admin@eurogin.com.
Un dossier Congrès Hebdo sera consacré à cet événement le 29 avril.
Deux conférences satellites
Parallèlement à la réunion Eurogin se tiendront deux conférences satellites, l'une consacrée aux « récents progrès des infections sexuellement transmissibles » (le 13 avril), la seconde, destinée au grand public et placée sous un partenariat franco-canadien, traitera des « nouveaux développements en prévention et santé de la femme » (le 16 avril).
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