VIH-VHC

Une coïnfection à risque

Publié le 29/06/2004
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« EN CAS DE coïnfection VIH-VHC, l'hépatite C doit être traitée » insiste le Dr François Bailly (Lyon). En Europe, 34 % des porteurs du VIH sont également infectés par le VHC et 9 % par le VHB. La population concernée est surtout représentée par les toxicomanes contaminés il y a une dizaine d'années. Si les traitements antirétroviraux permettent le plus souvent de stabiliser la situation immunitaire, les hépatites chroniques C font courir un risque important à ces patients : elles progressent plus rapidement, évoluent moins souvent vers la guérison spontanée et plus régulièrement vers la cirrhose. Elles sont donc de plus en plus souvent la cause du décès, d'où l'importance d'une prise en charge thérapeutique spécifique, pouvant aller jusqu'à la greffe.

Trois nouvelles études avec la bithérapie.
Le traitement de l'hépatite C isolée par bithérapie (interféron pégylé, par voie sous-cutanée une fois par semaine, et ribavirine orale) administré pendant une durée moyenne de six mois à un an, laisse espérer une guérison chez plus de la moitié des malades mono-infectés. En revanche nous ne disposions jusqu'à présent que de très peu de données concernant l'utilisation de ce protocole en cas d'infection VIH associée. Les résultats de trois nouvelles études multicentriques, Apricot, Ribavic et Actg, apportent des informations précieuses pour la prise en charge des malades coïnfectés. Menées chez 1 413 patients, elles permettent d'affirmer l'efficacité de l'association interféron pégylé alpha-2a et ribavirine et sa supériorité par rapport à d'autres médications. Six mois après l'arrêt du traitement, 40 % des malades traités ne sont plus porteurs du virus de l'hépatite C et peuvent donc être considérés comme guéris. Les sujets infectés par des virus de génotype 2 ou 3 se montrent plus sensibles, le taux de guérison s'élevant à 62 % alors qu'il est de 29 % pour le génotype 1.
Il n'existe pas de corrélation évidente entre réponse virologique soutenue et évolution vers la fibrose, ce qui prouve que d'autres facteurs interviennent dans le déterminisme de cette complication (stéatose, antirétroviraux, alcool). Comme chez le sujet mono-infecté, il est possible de prévoir la guérison dès la 12e semaine de traitement, par une mesure de charge virale VHC. L'arrêt ou la poursuite de la thérapeutique peut donc être discuté dès le 3e mois.
La tolérance est identique dans les différents groupes de traitement, mais le taux d'arrêt prématuré reste important (38 % dans Ribavic, 25 % pour Apricot).
Ces résultats, même s'ils sont inférieurs à ceux observés chez le patient mono-infecté par le VHC, incitent à proposer un traitement antiviral C aux malades coïnfectés par le VIH, et à prendre en charge rapidement les effets secondaires.

Coïnfection VHC et VIH : pourquoi traiter l'hépatite C ? Conférence de presse organisée par les Laboratoires Roche.

> Dr JEAN-LUC BREDA

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7571